Voyage dans le cinéma du futur à Venise et rencontre avec des réalisateurs

En septembre 2017, je me suis rendu, pour la toute première fois, au Festival du Film de Venise, plus connu sous la nom de Mostra de Venise en tant que spectateur / blogueur, avant de partir explorer les Pouilles (le talon de la botte) pendant quelques semaines. Une première expérience vraiment réjouissante, qui me donne clairement envie de revenir dans quelques années, pour la Mostra fin août bien sûr, mais surtout pour enchaîner sur cette belle destination, notamment en Toscane, avant de rejoindre Rome fin octobre pour son Festival du Film qui accueille lui aussi de nombreux réalisateurs d’envergure qui font le voyage pour présenter leur film.

Les films et les rencontres

J’ai vu une vingtaine de films durant le festival, mais je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer tous leurs réalisateurs. Dans cet article, je vais me concentrer sur les réalisateurs que j’ai rencontré et qui ont pu partager des informations sur leur film. Un beau moyen d’en savoir plus sur leur réflexion et leurs idées.

The Third Murder de Kore-Eda Hirokazu

Shigemori est un avocat commis d’office, chargé de défendre Misumi, suspecté de vol et de meurtre. Ce dernier a déjà fait 30 ans de prison et les chances de gagner le procès sont minces, d’autant que Misumi a avoué son crime. Pourtant, au fil de son enquête, Shigemori commence à douter de la culpabilité de son client.

Mon avis en quelques mots

On retrouve la thématique chère au réalisateur du rapport parent-enfant via de multiples personnages. Le réalisateur propose une réflexion complexe sur la justice. Un meurtre peut-il être juste ? La peine de mort est-elle un meurtre ? Kore-eda nous présente également un regard assez sombre sur la justice du système, pas forcément celle de la vérité.

Ce qu’en dit le réalisateur

Je voulais montrer le travail d’avocat correctement. Lorsque j’ai parlé avec des avocats, ils m’ont dit « La cour de justice n’est pas le lieu pour déterminer la vérité ». Ils ont dit que personne ne pouvait savoir la vérité. J’ai trouvé cela intéressant et cela m’a donné envie de faire un drame judiciaire dans lequel la vérité n’est pas révélé. Généralement, les films apportent la vérité à la fin. Dans ce film, la procédure judiciaire se termine, mais les personnages ne trouvent pas la vérité. Cela veut dire que notre société tolère un système imparfait qui ne peut tenir qu’avec des gens en jugeant d’autres sans connaître la vérité.

Je prend aussi le genre à contre pied. Dans ce genre d’intrigue, les évènements deviennent généralement de plus en plus claire au fur et à mesure, et là, c’est plutôt le contraire. On commence avec un évènement qui nous semble clair, et lorsque le film progresse, on devient moins certains de ce qu’il a pu se passer. Même après le verdict nous restons incertains.

D’un point de vue technique, la séquence de face en face entre les prisonnier et son avocat, séparés par une simple glace était très difficile à tourner car elle laissait peu de place au mouvement. J’ai donc cherché ce mouvement à l’intérieur des personnages.

Mother!

Un couple voit sa relation remise en question par l’arrivée d’invités imprévus, perturbant leur tranquillité.

Mon avis en quelques mots

Pour la premières fois, j’ai vraiment été déçu par un film de Darren Aronofsky; Formellement, pas de problème, c’est toujours très bien réalisé. L’ambiance est oppressante et cela empire au fur et à mesure que le film avance.

Sur le fond, par contre, le réalisateur en fait trop. Il multiplie les enjeux, les paraboles et les métaphores de façon plus ou moins cohérente et pas forcément pertinente. En analysant un peu plus, on comprend ses intentions, mais on est pas convaincus pour autant.

Lire mon analyse complète de Mother

Ce qu’en dit le réalisateur

J’ai choisi de ne pas mettre de musique, car celle-ci vous guide dans votre ressenti, et je ne voulais pas que le public se sente en sécurité. Le film est basé sur le mystère et le spectateur ne doit pas savoir quoi ressentir. J’ai transformé le monde en une maison, car si quelqu’un jette des ordures dans votre maison, vous pouvez vous mettre en colère plus facilement que si quelqu’un le fait dans la rue.

Le personnage de Michelle Pfeiffer est, malgré les apparences, une sorte d’ange gardien pour Mère. Elle ne l’aime pas forcément, mais elle voit les problèmes venir et essaie de l’avertir. C’est elle qui réveille le personnage mère pour la première fois à ce qui se passe autour d’elle. Je n’avais aucune pré-intention de faire une oeuvre controversée, mais le film exprime une colère personnelle sur l’état de ce monde. Il y a toujours un niveau de goût dans le cinéma, il y aura forcément des gens qui n’aiment pas, mais vous ne vous ennuierez jamais. Ce film est un roller-coaster, vous y rentrez à vos risque et périls.

La réalité virtuelle, un voyage vers le futur

Le festival de Venise était également l’occasion de découvrir quelques films et expériences en réalité virtuelle.

Séparer les silences est une expérience VR unique et multi-sens qui repose sur le toucher et l’odorat ainsi que sur la vue et le son pour créer une expérience émouvante et surprenante. Placé dans la position de l’un des deux personnages hospitalisés, un frère ou une soeur, vous ressentez ce qu’ils ressentent, sentez ce qu’ils peuvent sentir et voyez ce qu’il voient depuis leur lit d’hôpital. Le film crée un nouveau niveau d’implication avec les personnages qui est unique. Le film encourage également un élément social, car vous devez parler à votre collègue pour rassembler les deux perspectives afin de comprendre le récit complet. Vous quittez l’expérience en vous sentant vraiment ému, comme si vous vous réveilliez d’un rêve, l’odeur du café toujours dans votre nez et le contact des médecins s’attardant sur vos bras toujours palpable.

J’ai également testé Alice, The reality Play, un voyage au coeur de l’univers de Lewis Caroll. Pour le coup, l’expérience va assez loin, avec des interactions en live avec des comédiens. Dommage que les effets 3D soient de qualité assez limités. Enfin, The Last Goodbye offrait une expérience assez percutante. Dans le film, on découvre un survivant des camps de concentration qui va partir en voiture pour retourner dans ces lieux qui l’ont changé à jamais.

La liste complète des films sélectionnés au programme « Films en réalité virtuelle » à Venise 2017

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Christopher Guyon

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