Interview de Colm McCarthy pour son film The Girl With All the Gifts

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Colm McCarthy répond à nos question à l’occasion de la sortie du film The Girl With All the Gifts

Propos recueillis par Vincent Delmas, pour Oblikon, lors du Festival de Gerardmer 2017

Colm McCarthy

Oblikon : j’ai personnellement pensé que la fin de The Girl était très pessimiste pour l’humanité…

Colm McCarthy : Oh vraiment ?

O : oui, c’était l’anéantissement de l’humanité, et je me demandais ce que vous pensiez de cette fin ?

CM : Je pense que c’est une fin heureuse parce que l’humanité continue – même si elle ne le mérite pas forcément – au travers des enfants, mais elle devient différente et elle se développe et continue sous la forme d’histoires, d’idées et d’éducation qui ont été passé par Mélanie et Miss Justineau. Mais je pense aussi que c’est une fin qui est construite pour que le public puisse prendre la version qu’il veut. La fin que vous avez est la version que vous voulez, et ma version n’importe pas beaucoup. Une chose intéressante par exemple c’est qu’une fille est venue me voir en pleurs après la projection à Toronto et m’a dit « Merci » pour ce que le film voulait dire pour elle, pour son expérience personnelle par rapport à son Coming Out, par rapport au moment où Mélanie dit « elle n’est plus vôtre maintenant » elle a pris ça comme une métaphore de ce qu’elle était. Je ne pensais pas à ça, mais j’étais très content qu’elle retire ça du film.

La fin que vous avez est la version que vous voulez, et ma version n’importe pas beaucoup.

O : A propos du moment où Mélanie dit ça, je pensais que ce n’était pas totalement elle qui disait ça, mais le champignon dans sa tête et toute la nature à travers elle ; et donc que le message écologique était là. « nous, la planète, n’avons pas à mourir pour vous sauver ». Et elle va tuer tout les humains restants.

CM : Oui tout à fait, vous pouvez le lire comme ça ! le film dit que nous ruinons la planète – je ne pense pas que ce soit le cas, nous la ruinons pour nous. Les Dinosaures ont eu l’astéroïde, et on est quand même là. Le film développe l’idée que certains d’entre nous peuvent évoluer en acceptant d’être un part de la Terre. Peut-être que Mélanie est une métaphore pour ça.

O : et vous-même, plutôt optimiste ou pessimiste par rapport au futur de la planète et de l’humanité ?

CM : fondamentalement je suis une personne optimiste, et je pense généralement que les gens deviennent meilleurs au cours du temps. Vous savez, je déteste quand les gens disent « oh ça aurait été mieux de vivre il y a 100 ans ». C’est une façon stupide de penser. J’ai eu l’appendicite quand j’avais 26 ans je crois, si j’avais vécu il y a 100 ans, je serais mort. Maintenant j’ai 43 ans grâce à la médecine et à la science. Je suis donc optimiste parce que pense que nous avons fait des progrès. Cependant je ne pense pas que les progrès vont forcément dans la bonne direction. Et je suis un peu inquiet en ce moment par rapport au monde avec Donald Trump, le Brexit, ou Marine Le Pen en France.

je ne pense pas que les progrès vont forcément dans la bonne direction.

film de zombies

O : Votre film utilise les zombies pour faire passer son message écologique. Romero les utilisait pour dénoncer le capitalisme. Est-ce que vous pensez que les zombies sont inutiles s’ils ne font pas passer de message ?

CM : Les zombies sont un mythe originellement créé dans un but très négatif. J’ai lu un article très intéressant à ce sujet : les esclavagistes français avaient des problèmes avec leurs esclaves qui se suicidaient parce que la vie dans les plantations était vraiment horrible. Donc ils ont pris le chef religieux des vaudous et lui ont dit de créer un mythe pour faire du suicide un acte interdit, et ils sont venus avec l’histoire que si les gens se suicidaient, ils reviendraient en esclaves du Papadok. C’est la première incarnation du mythe du zombie, et il y avait déjà un message derrière lui pour contrôler les foules

O : en parlant de contrôle, dans le film, Mélanie est le personnage principal, et est joué par une enfant. C’était difficile pour vous de travailler avec quelqu’un d’aussi jeune ?

CM : c’est très différent que de travailler avec quelqu’un qui a fait une école de jeu, qui a grandi puis appris la comédie. Sennia Nanua n’avait pas fait grand-chose avant, et en plus il y a aussi des contraintes d’aspect pratique quand on travaille avec un enfant. Il y a un nombre d’heures pour travailler, on doit lui donner des cours tous les jours et vous devez aussi avoir je pense une morale et une éthique pour traiter cette personne, différemment d’un adulte. Il y a un devoir d’attention avec un enfant. Mais elle était très à l’écoute et apprenait très bien, travaillait très dur

O : elle était très douée d’ailleurs !

CM : Merci, je suis content que vous le pensiez, je pense aussi qu’elle était bonne, comme le film ! Mais c’était une expérience compliquée et émotionnelle pour elle, et au final je suis très content que ce soit une bonne expérience pour elle.

O : Je pense que ce que je vais vous demander maintenant doit vous être souvent posé mais avez-vous joué à The Last of Us ?

CM : (rires) Vous savez ce qui est drôle ? On ne m’a jamais vraiment posé cette question avant que je vienne en France, mais depuis Gérardmer tout le monde me questionne dessus, c’est drôle ! je n’y ai jamais joué ! Je connais le jeu, et apparemment il y a de grosses similarités. Mais nous avons écrit le film avant que le jeu sorte, donc ce n’est pas une source d’inspiration. On ne m’avait jamais demandé ça avant que je vienne en France, apparemment c’est un jeu très populaire ici !

nous avons écrit le film avant que le jeu sorte, donc ce n’est pas une source d’inspiration.

O : Oui en effet ! et quel est votre film de zombie préféré ?

CM : C’est une question intéressante … je pense que j’aime vraiment Zombie de Romero parce que c’est une très bonne satire. Je l’ai beaucoup aimé quand il est sorti, je ne sais pas si j’aimerais le regarder encore, mais je sais qu’il m’a beaucoup affecté quand je l’ai vu ado. J’aime aussi beaucoup 28 jours plus tard, il est culte je pense, et j’aime aussi beaucoup Killian (Murphy), j’ai eu la chance de travailler avec lui, c’est un grand acteur et il est brillant dans ce film

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O : maintenant plus par rapport à vous que sur le film, vous avez réalisé un épisode de Doctor Who et un de Sherlock, tous deux écrits par Steven Moffat. Vous avez aimé ces expériences ?

CM : Oui j’ai adoré ! Quand j’étais enfant j’adorais Doctor Who, c’était ma série préférée, Tom Baker était mon docteur préféré. Mes enfants avaient 14 et 16 ans, et quand j’ai réalisé l’épisode, ils étaient de gros fans. J’ai pu les emmener, ils ont pu presser le bouton du TARDIS, j’aurai adoré le faire enfant ! Et par rapport à Steven Moffat, je pense que c’est un génie pour écrire des histoires, dans Sherlock aussi. C’était une vraie chance de travailler avec Benedict Cumberbatch et Martin Freeman, ils sont de grandes stars maintenant !

O : comment c’était de travailler avec eux ? Surtout que dans l’épisode que vous avez fait (le 302) Benedict Cumberbatch fait un monologue très impressionnant !

CM : Oui, tout le speech du mariage a été vraiment difficile à faire, et vous savez, Sherlock c’est un truc drôle parce que c’est comme un film de 90 min, mais qui passe à la télévision avec des attentes très grandes. Paul McGuigan, qui a réaliser le premier épisode, a développé l’esthétique avec les sms, les informations et tout ce genre de trucs qui sont devenus une partie de Sherlock, et mon épisode a cette séquence dont vous parlez mais aussi beaucoup de flashback, de partie ou l’on voit Sherlock bourré – c’est la première fois. C’est probablement l’épisode le plus drôle de la série ! Ce qui est marrant parce que je ne suis pas vraiment fait pour la comédie en tant que réalisateur. Mais c’était vraiment cool à tourner ! Benedict était vraiment excellent pour son speech, et il était dur à tous les niveaux !

Sherlock c’est un truc drôle parce que c’est comme un film de 90 min, mais qui passe à la télévision avec des attentes très grandes.

O : Et vous aimeriez refaire du Sherlock ou une autre série ?

CM : Oui absolument ! d’ailleurs je viens juste de faire le pilote d’une nouvelle série, Krypton par David S Goyer, à propos de la planète Krypton, 200 ans avant l’histoire de Superman. C’est pour Syfy et je serais producteur exécutif sur la série.

O : C’est génial ! et pour finir j’aurais une dernière question, l’enfant qui se fait tuer par le docteur s’appelle Kenny, et je n’ai pas pu m’empêcher de penser à South Park. Est-ce que c’était une référence ?

CM : Vous savez quoi ? (rire) Ça ne l’était pas mais dès que je l’ai lu j’ai tout de suite pensé à « Oh mon dieu, ils ont tué Kenny » ! Personne ne m’en avait parlé avant, je suis content que vous l’ayez fait parce que je pensais aussi à ça !

Retrouvez la critique du film The Girl With All the Gifts sur Oblikon

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Antoine Godbillon

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