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Compte rendu du festival d’animation d’Annecy 2020

festival d'animation d'annecy 2020 online du 15 au 30 juin

Pour la première fois, le Festival d’animation d’Annecy se déroule en ligne du 15 au 30 juin 2020. Nous avons pu visionner quelques-uns des films sélectionnés, disponibles sur le site après accréditation. Voici notre retour sur quatre œuvres du festival, 2 longs et 2 courts métrages.

Les courts-métrages

Oeuvre : Murder in the Cathedral (Assassinat dans la cathédrale) réalisé par Matija PISACIC et Tvrtko RASPOLIC est un court-métrage d’origines croate et serbe.

Résumé : Londres, au début du 20e siècle. La détective Gloria Scott et son assistante Mary Lambert passent une soirée tranquille dans leur bureau, lorsqu’un mystérieux criminel assassine le professeur Jansen devant leur porte.

Retour sur le contenu : Un peu étrange, un peu onirique, totalement surréaliste, l’on passe d’un lieu à l’autre en une fraction de seconde, Gloria saccageant tout sur son passage. Si bien que l’on peine à suivre le raisonnement farfelu de cette femme si sûre d’elle, qui cherche sans chercher ce mystérieux coupable. La détective est aussi folle que téméraire, tuant sur son chemin autant de gens que le criminel qu’elle recherche. Son assistante Mary, attachante, lui voue une admiration que l’on ne pourrait comprendre et fait office de narratrice lorsqu’elle nous partage ses pensées.

Les dessins nous plongent direct dans l’époque avec des couleurs sombres et des transitions originales et amusantes. On notera également un bel usage de la musique classique qui nous emporte dans l’aventure.

Avis : Surprenant, ingénieux, drôle, il faut aimer le 2 voir 3ème degré pour apprécier cette œuvre de juste 15 minutes. Elle peut être assez dure à suivre car les actions s’enchaînent rapidement et de manière imprévisible. Le court-métrage était tout de même le format parfait pour cette petite bouffée d’humour extravagant.

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Œuvre : Homeless Home (La maison sans-abri) d’Alberto Vázquez est un court-métrage franco-espagnol de 15 minutes.

Résumé : Personne n’échappe à ses racines, même si elles sont complètement pourries.

Retour sur le contenu : Dans un monde en noir et blanc, sûrement proche de la mort et des enfers, divers personnages de natures différentes (sorcière, orque, monstre…) se côtoient dans la misère et l’ennui. Colère exagérée, violence exacerbée, maltraitance animale et humiliation sont leur quotidien, expliquant ainsi pourquoi ils dépriment tous, au fond. Courte critique de la guerre et des vices humains, seul le sang rouge jaillit à presque toutes les scènes. La musique, qui pourrait très bien être sortie d’un film de Tim Burton, accentue l’air mystique et glauque de cet univers.

Avis : Il n’est pas facile de s’attacher à ces personnages éphémères dont les histoires sont aussi succinctes que déprimantes et où rien n’a réellement de début ou de fin. Ce monde obscur mériterait sûrement un long-métrage afin de mieux saisir tout ce qu’Alberto Vázquez a à nous raconter. Âmes sensibles, abstenez-vous de visionner ce court-métrage ayant reçu le prix du jury.

Les longs métrages

Oeuvre : Ginger’s tale (Le conte de Ginger) du russe Konstantin Schchekin est un film d’1h28.

Résumé : Potter, un garçon gentil et pauvre, trouve un objet magique appelé la Pierre de Feu, qui le rend riche et cruel. La méchante Reine décide de tuer Potter pour s’accaparer la Pierre de Feu. Seule une fille dénommée Ginger est en capacité de le sauver, grâce à son dévouement.

Retour sur le contenu : Assez prévisible, on n’est pourtant pas déçus de ce film qui rappelle les vieux Disney aussi bien dans son histoire que ses personnages ou les musiques choisies. Les dessins restent assez classiques, nous rappelant un univers médiéval souvent rencontrés dans ces anciens films comme Taram et le chaudron magique ou La Belle et la Bête. Un retour en enfance, donc, dans un monde où règne bonne humeur, gentils paysans et méchante reine qui chantent par moment (heureusement, pas autant que dans les Disney), pour nous inculquer une morale bien connue : l’argent ne fait pas le bonheur, au contraire de ses amis.

Quant aux personnages, on retiendra bien sûr la flamboyante Ginger, héroïne au grand cœur, amie des animaux et de tout le village, dont le seul défaut est la maladresse et l’énergie (trop) débordante. Amoureuse du doux Potter qui doit supporter les taquineries des habitants, ayant promis de reconstruire une fontaine mais fabriquant des pots de chambre. Cela cause ainsi sa perte de confiance en lui qui le poussera vers la jalousie et la cupidité. Reste alors cette méchante reine, abandonnée de tous et odieuse avec le seul serviteur qui a su lui rester fidèle : OUPS, un bras droit volontaire qui porte bien son nom.

Avis : Bonne découverte, avec une scène d’ouverture énigmatique qui semblait présager un film étranger assez spécial mais, en fin de compte, c’est un film d’animation semblable à ceux de notre enfance. Adaptée à toute la famille, notamment pour les plus jeunes, on passe un agréable moment devant cette histoire simple remplie de magie, d’amour et d’amitié.

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Oeuvre : My favorite war (Ma guerre préférée) est le témoignage animé d’Ilze Burkovska Jacobsen, une production provenant de Lettonie et Norvège.

Résumé : Voici l’histoire personnelle de la réalisatrice, Ilze, qui a grandi en Lettonie (URSS) au cours de la Guerre froide. Elle retrace le passage à l’âge adulte d’un individu qui décide d’échapper au conditionnement exercé par un régime autoritaire et puissant. Le film, pacifiste, souligne à quel point il est important que la liberté individuelle soit considérée comme un droit fondamental dans une société démocratique.

Retour sur le contenu : Touchant, on retrace la vie de cette fillette qui évolue dans un monde post-guerre où la peur, la terreur et la propagande sont toujours des réalités. On mélange animation et vidéos/photos d’archives, que ce soit de la guerre ou des retours face-caméra de la réalisatrice sur son passé.

Ilze est sage, elle sait ce qu’elle ne doit pas dire ou faire et respecte sa patrie dans le but de se faire bien voir et ainsi redonner le sourire à sa mère. Cette dernière est mise de côté par le parti communiste car son père était considéré comme un traître, à l’instar de tous les paysans qui détenaient des terres à l’époque. Ilze lutte entre son désir de devenir journaliste, comme son père, et ainsi être partisane de l’état, ou regagner une vraie liberté et pouvoir dire tout ce qu’elle a sur le cœur sans risquer d’être déportée en Sibérie, comme son grand-père.

Les dessins sont particuliers, des personnages simples comme griffonnés par un enfant, pour appuyer sur le contraste entre la dureté de l’histoire et la jeunesse du personnage principal qui fait aussi office de narratrice. Leurs yeux, deux points noirs, reflètent le vide qui les anime dans ce monde aux couleurs sombres où seul le rouge, couleur du parti communiste, ressort. Au-delà des quelques chants typiques patriotiques que l’on peut entendre, la musique n’est pas très présente dans ce film, nous laissant seul, dans le silence, avec les pensées d’Ilze dans cet univers où rien ne semble perturber le quotidien angoissant des habitants.

Avis : Un rappel poignant des événements historiques du 20ème siècle, sans tomber dans le pathos, du point de vue d’une enfant qui ne sait plus vraiment où commence et se termine le bien face au mal. Il est intéressant de voir, pour une fois, quel fut le quotidien des lettons lors de la guerre froide, étant un pays au point de vue souvent délaissé et mal-connu en Europe. Ce témoignage remporte à juste titre le prix Contrechamps du festival.

Pour un retour plus complet sur My favorite war retrouvez sa critique sur Oblikon.

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