Fnac montparnasse, le 29 octobre 2011 pour la sortie d’Anonymous
Roland Emmerich est un réalisateur allemand ayant réussi à s’imposer à Hollywood avec des films comme Independance Day, 2012 et Anonymous. Il est d’ailleurs considéré comme l’un des réalisateurs de la powerlist hollywoodienne. Découvrez comment un simple étudiant de Munich parvient à faire sa place au somment de la pyramide des réalisateurs à succès.
On va débuter avec le commencement et un film qui s’appelle L’arche de Noé, film de fin d’études de Rolan Emmerich. Un film qui déjà annonçait quelque chose de l’ordre du blockbuster puisqu’au lieu des 20 000 Deutchmark destinés aux films étudiants, Roland avait réussi à dépasser les 20 millions et ce film étudiant a eu une carrière qui a largement dépassé ce cadre.
RE: En fait la vérité c’est que je me suis inscrit dans une école de cinéma à Munich pour devenir Production Designer, pas du tout réalisateur. Je me suis pris de passion pour la science fiction pendant mes trois années d’études et j’ai choisi, pour mon film de fin d’études, de faire un film de science fiction. J’ai suivi un groupe de quatre autres étudiants et on a rassemblé notre argent pour faire ce film de science fiction, sauf que quatre personnes se sont désistées donc je me suis retrouvé seul. Mais je voulais toujours faire le film donc j’ai écrit le script par moi-même et je l’ai soumis à un professeur qui m’a autorisé à la soumettre au système de financement public du cinéma allemand. Et j’ai eu beaucoup de chance. J’étais chanceux, j’avais réuni environ 400 000 Deutchmark à ce moment là et finalement le film a coûté le double. Tout s’est bien terminé puisque le film a été sélectionné pour la compétition au festival de Berlin et s’est mis à voyager ensuite dans une vingtaine de pays. Les quatre personnes qui m’ont lâché doivent s’en mordre les doigts.
Justement, ce film a vraiment dépassé ce qu’on aurait pu en attendre. A cette époque, des réalisateurs comme vous et Wolfgang Peterson avaient commencé le développement d’un cinéma allemand plus international avec des montages financiers internationaux et qui sortaient dans le monde entier.
Déjà lorsque j’étais dans cette école de cinéma, j’étais sollicité pour des films publicitaires, et c’est grâce à L’arche de Noé que j’ai acquis une réputation et l’étoffe d’un réalisateur de longs métrages fiction mais très vite je me suis rendu compte que les projets auxquels j’aspirais, moi, ne pouvaient pas se contenter d’un financement d’état allemand mais il fallait plutôt que je regarde du coté de l’Angleterre ou des Etats Unis pour arriver à les financer.
A l’époque, ils nous étaient présentés comme des films américains, des productions hollywoodiennes !
Tout était allemand dans le film, mais comme ils passaient par le canal « Hollywood », ils passaient pour des films américains. C’est l’époque où les ventes vidéos étaient le revenu principal d’un film et il valait mieux se présenter comme un film américain. Mais ce n’est pas seulement mes films. Beaucoup de films que l’on considère comme américains ou hollywoodiens ne sont pas tournés à Hollywood.
Comment expliquez-vous que l’industrie allemande n’ait pas une place pour des metteurs en scène comme vous ou Wolfgang Petersen qui est également parti pour Hollywood ?
Je vous avoue que moi-même je n’ai pas trouvé la réponse à cette question. C’est assez mystérieux « Nul n’est prophète en son pays » dit-on. Je dois dire que cela me fait vivre des situations assez difficiles, inexplicables. Lorsque je suis revenu en Allemagne pour Independence Day, les même personnes qui m’avaient stigmatisé venaient chanter mes louanges.
Est-ce qu’il nous est permis de penser que votre ticket pour Hollywood s’est fait par l’intermédiaire de Mario Kassar qui vous a embauché pour Universal Soldier ?
C’est plutôt un autre héros de l’ombre, Robbie Little, qui avait vendu tous mes films à travers le monde et qui était un ami proche de Mario Kassar. Au moment-même où celui-ci venait de perdre Ridley Scott et Sylvester Stallone sur ce projet et qu’il était un peu désemparé, il s’est adressé à Little en lui demandant s’il savait qui pourrait prendre la relève. Et il lui a parlé de moi, et l’a incité à voir mon dernier film malgré le fait que je sois allemand.
On dénombre de nombreux cinéastes européens qui se sont cassés les dents à Hollywood. Est-ce que vous pouvez nous parler du jeu politique qui vous a permis de ne pas vous faire écrabouiller ?
Beaucoup de réalisateurs européens font un certain type de films, des bons films, lorsqu’ils sont chez eux et une fois qu’ils sont à Hollywood ils commencent à perdre leur âme, à faire autre chose qui ne leur correspond pas et ils perdent leur identité ou celle des films qu’ils ont l’habitude de faire et je pense que leur échec vient de là. Je crois que quelques soient les circonstances on doit rester fidèle à soi-même.
Mon avantage est que je n’ai pas eu à changer ma façon de faire des films, j’ai seulement vu de plus en plus grand.
Justement, Universal Soldier reste avant tout un succès de la vidéo alors que Stargate, sorti juste après, sera un véritable succès surprise.
En fait, le premier film que je devais faire aux Etats-Unis devait être avec Stallone. J’ai travaillé dessus pendant 9 mois et je me suis rendu compte au fur et à mesure que je devais vraiment être un réalisateur car plus on avançait, moins j’étais attaché au scénario et plus j’avais envie de le changer, ce qu’ils ne m’ont pas laissé faire.
J’ai eu le cran d’arrêter, et ça c’était quelques chose d’absolument inédit, qu’un réalisateur venu d’ailleurs soit embauché sur un film avec un budget de 80 millions de dollars, ce qui était colossal à l’époque, décide de s’arrêter de son propre chef. Je me suis rendu compte qu’à partir du moment où je n’aimais pas un scénario, je ne pouvais pas me forcer à en faire un film et cette décision a tellement marqué l’esprit de Mario Kassar qu’il a décidé de m’embaucher sur un autre film.
A l’époque de Moon 44 et Universal Soldier, beaucoup de critiques ont estimé que vous n’aviez pas de style personnel, que vos films ressemblaient beaucoup à ce que James Cameron faisait à l’époque. Néanmoins, à partir de Stargate, vous faisiez quelque chose qui vous était plus propre.
Oui, en effet, mon premier film vraiment personnel aux Etats-Unis a été Stargate. Universal Soldier n’est pas le genre de film que j’aurais fait de ma propre initiative. Le concept était pré-existant, il a fallu que je m’adapte. Et je n’allais quand même pas faire des caprices après m’être déjà retiré d’un projet sur lequel j’avais travaillé neuf mois. J’ai quand même apporté ma touche personnelle puisqu’on a fait réécrire de façon assez radicale le scénario mais c’était encore moi qui m’adaptais à quelque chose d’existant. Stargate, en revanche, était mon projet fétiche, auquel je tenais depuis que j’étais à l’école, une idée que j’apportais moi-même et que j’avais créé personnellement.
Sur Stargate vous avez travaillé avec Dean Devlin, avec qui vous avez ensuite fait Independence Day et Godzilla. Sur ces trois films, il y a quelque chose que j’ai toujours trouvé extrêmement brillant qui est la façon de mettre en place les événements, d’agripper le spectateur, l’empêcher de détourner le regard de ce qui passe, notamment durant les premières heures. Est-ce quelque chose de conscient lors de l’écriture ?
En fait, Devlin a d’abord été acteur sur Moon 44 et c’est après que j’ai choisi de le faire travailler comme auteur, pour écrire ce projet là. Et très vite quelque chose a pris entre nous, cette collaboration a fonctionné car pour moi, un film ce n’est rien d’autre qu’une collaboration entre un auteur et un réalisateur. C’est vraiment à ce niveau là que quelque chose de bien peut se faire. Et ce qui était remarquable entre nous est que l’on s’inspirait mutuellement et on a pu travailler de cette façon là en étant modeste, en ne nous prenant pas pour des génies mais en étant conscients que nous n’étions rien d’autre que des artisans qui doivent pratiquer, s’exercer jusqu’à s’améliorer. Et c’est en étant dans cet esprit que l’on a réussi à former l’équipe que nous sommes.
Une autre particularité de notre tandem est qu’à l’époque j’étais encore très européen, j’avais un regard très extérieur sur l’Amérique et Dean Devlin représentait beaucoup plus la vision interne des Etats-Unis, ce qui créait parfois des frictions entre nous mais était toujours très porteur.
Sur ces films, quelles ont été vos inspirations principales ?
Parlons d’abord de Stargate. Je crois que c’était vraiment la première fois que j’ai eu l’idée d’inventer un personnage qui ait la foi en une idée envers et contre tous et que finalement, c’est lui qui ait raison. Ce profil de personnage est devenu récurrent sur mes films par la suite et j’avais cette idée, cette intuition, mais sans le travail de Dean, je n’aurais pu en faire un élément aussi important du récit je pense.
L’autre chose que Dean a toujours encouragé est mon sens visuel. Il m’a toujours dit que lorsque nous travaillions ensemble j’avais des images, des visions qui pour lui étaient inédites et passionnantes. Après Stargate, je suis allé le voir en lui disant que je voulais faire un film sur une invasion Alien et il m’a dit « Non, pitié, pas un autre film sur ce sujet là ». Et une fois que j’ai commencé à mettre des images et une vision par rapport à cette idée, il a complètement changé son point de vue sur la question puisqu’il a dit que personne n’avait jamais donné à voir de telles images sur cette idée là.
Vous avez dit tout à l’heure que vous voyez au départ comme un Production Designer. Vous avez donc certainement votre mot à dire dans la conception. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de votre collaboration avec quelqu’un comme Patrick Tatopoulos avec qui vous avez créé quelques créatures mémorables.
Dès le début, je savais que j’étais un homme de l’image, ce qui’ m’intéressait au cinéma c’était la dimension visuelle, beaucoup plus que l’écriture. Petit à petit, en essayant de m’améliorer et de travailler les différents aspects de mon métier, je m’intéresse d’avantage à l’écriture et au récit. Mais le sens de l’image et de la création visuelle est ce qui reste prédominant chez moi. Lorsque j’ai commencé à travailler sur Independence Day j’ai effectivement eu l’idée de cette collaboration avec Patrick qui avait déjà créé tous les masques égyptiens. J’ai su immédiatement que pour tout le travail visuel des aliens ce serait à lui que je confierai le travail.
On va parler maintenant de quelque chose qui va vous faire plaisir je pense : votre rapport aux critiques. Dès Independence Day, on avait deux personnages qui portaient les noms de vrais critiques américains et j’ai l’impression qu’à partir de The Patriot, votre tentative de vous éloigner de la formule qui avait fait votre succès, ils ne vous ont pas raté…
Je ne sais vraiment ce que je leur ai fait, je ne sais pas pourquoi ils n’aiment pas mes films. Il y a quelques rares exceptions de critiques intelligents qui aiment mes films mais la majorité, les critiques normaux, les détestent. J’ai une explication qui est peut être celle de mon entrée au cinéma, j’ai commencé avec un film comme Universal Soldiers et je crois qu’aux yeux des critiques c’est une condamnation irrévocable. Une fois que l’on a commencé avec un film comme ça, on ne doit pas, à leurs yeux, faire quelque chose de mieux. Et moi j’aime beaucoup ce film, je ne le renie pas.
Ce qui semble étonnant c’est que par la suite vous allez avoir plus de facilités à les séduire avec de petites choses. Un film comme Le Jour d’Après, par exemple, ressemble par bien des aspects à ceux que vous faisiez dans les années 90 mais se permet de rajouter une pointe d’actualité, un sujet sérieux du moment comme l’écologie qui suffit à séduire cette critique.
Pour moi, Le Jour d’Après a constitué un tournant. Je me suis rendu compte qu’avez l’âge on avait de plus en plus un souci d’avoir un contenu, une idée, un message à transmettre à travers un film. A ce moment de ma vie j’étais très préoccupé par la question environnementale et écologique. J’ai lu un livre qui s’intitulait « L’arrivée de la tempête mondiale » écrit par deux auteurs de science fiction. Mais le sujet était vrai et réal, l’idée qu’une tempête puisse détruire la planète, et cela m’a beaucoup marqué.
Par ailleurs, je commençais à avoir la réputation d’un patriote américain et cela me mettait en colère. Il fallait que je fasse une sorte d’affirmation de ma position politique. Lorsque j’ai écrit le scénario du film Le Jour d’Après, j’ai fait la même chose qu’Indepedence Day, une surenchère de mon scénario, et donc tout le monde s’attendait à ce que le contenu soit le même qu’Independence Day. Et lorsque les gens se sont rendus compte qu’il y avait un message politique fort, c’était déjà trop tard pour arrêter la machine.
Sur vos films suivants vous allez avoir une double collaboration avec votre compositeur Harald Kloser, qui jouera également le rôle de narrateur, sur des films que l’on pourrait qualifier de conspirationnistes. 10 000 BC parle du mythe Atlantéen, 2012 de l’apocalypse selon les mayas, et même Anonymous s’inscrit dans cette mouvance. Est-ce que vous passez vos nuits sur Internet ?
Il se trouve qu’Harald Kloser est l’un de mes plus vieux amis, bien avant d’être un collaborateur. Je suis toujours méfiant lorsqu’il s’agit de travailler avec ses amis proches, j’ai trop peur de les perdre. Juste après Le Jour d’Après, on dînait et on a ressenti l’envie de travailler ensemble. Et pour trouver l’inspiration pour mes films, ce n’est pas sur Internet que je vais mais dans des librairies. C’est pour moi l’endroit où l’on a une vision précise de ce qui intéresse les gens.
Sur un mythe comme 10 000 BC, est-ce que c’est quelques choses que vous avez cru ou juste une histoire que vous aviez envie de raconter ?
Non, j’ai juste trouvé qu’il s’agissait d’une histoire intéressante. Il ne s’agissait pas pour moi de faire un travail d’historien, ou de prouver ou d’affirmer quelque chose, mais juste la fabrication d’un mythe ou d’une histoire qui m’intéressait.
Après 10 000 BC il y a 2012 qui va être l’énorme succès que l’on sait. Ce film vous a-t-il servi d’assise pour vous lancer dans un sujet plus compliqué comme celui d’Anonymous ?
En fait, j’ai pris connaissance du scénario sur lequel s’est basé ce film il y a déjà 10 ans et j’ai été très marqué par cette idée. Quand vous avez un coup de cœur pour un scénario il ne faut pas le lâcher. On a beau être entouré d’une abondance de scénarios à Hollywood, c’est très rare qu’un scénario arrive à capter votre cœur et votre attention. Et l’autre scénario sur lequel je suis tombé de la même façon c’est The Patriot. Et le point commun des deux c’est qu’ils traitaient d’histoire, un sujet qui m’a toujours passionné. Dans Anonymous, ce qui m’a attiré encore plus est le fait que cela traite d’un auteur dont la renommée est mondiale. Le fait qu’il s’agisse de la remise en question de la paternité des œuvres de cet artiste était pour moi un sujet qui n’avait jamais été traité et que j’ai trouvé passionnant.
Ce que j’ai trouvé intéressant dans Anonymous, c’est qu’on aurait pu s’attendre à ce que votre style habituel se dilue, et finalement pas du tout, il s’agit vraiment d’un film de Roland Emmerich, au niveau structurel et de la mise en scène. Cette recherche de l’efficacité vous caractérise-t-elle ?
Un film, avant que je puisse le fabriquer, doit d’abord être dans ma tête. Mon but était de mettre à profit la complexité de cette intrigue, cette dimension vaste et tortueuse, pour prendre du recul. En général, ce genre de film est toujours filmé avec des plans rapprochés, proches des êtres et des visages. Pour moi, il s’agissait d’avoir des plans plus larges, d’ouvrir et de donner de l’espace à ce genre d’intrigue et à la ville de Londres, pour qu’elle puisse se montrer. De ce point de vue là il me semble que je suis effectivement resté fidèle à mon style. Il a beaucoup de personnages comme dans tous mes films, et beaucoup d’images fortes également.
Sans trop révéler de l’intrigue, il y a trois personnages principaux : Un poète secret, un poète frustré et un usurpateur. J’ai l’impression que vous vous identifiez aux trois à la fois.
Je crois que c’est vraiment ce sujet qui est venu à moi et pas l’inverse mais je dois dire que j’ai été irrésistiblement attiré vers lui. Je m’y suis donc probablement reconnu en partie.
Le film n’est pas raconté de façon chronologique. Il est même particulièrement complexe dans les allers-retours. C’est quelque chose qui a été décidé dès le départ ou tardivement ?
Je voulais faire un film pour les personnes intelligentes, pour que les critiques intelligents puissent l’aimer !
Le film a d’ailleurs été très bien reçu par les critiques…
Oui, mais comme tous les films il aura ses détracteurs. Pour moi, ce qui était la moelle épinière de ce film, c’était l’idée que les mots peuvent changer quelque chose. C’est quelque chose que l’on a tendance à négliger dans notre société et je voulais montrer qu’il faut écouter les artistes parce qu’ils ont des choses à dire.
Même si le sujet du film peut sembler effrayant pour le grand public. Le film reste accessible, sans avoir trahi la qualité littéraire des œuvres de Shakespeare. Est-ce qu’il y a un secret, un truc sur la nature humaine pour pouvoir l’intéresser à un sujet ?
L’approche qui a été la notre a été de raconter cette histoire de façon très moderne et je pense que si ce genre de film est fait de façon trop intellectuel c’est parce que les gens qui font ces film viennent du théâtre, et les font dans un esprit très théâtral. Comme nous venions du cinéma, nous voulions donner un souffle moderne à cette histoire pour vraiment transmettre son cœur au public. C’est pour cela que l’on a transformé Shakespeare en acteur, en sorte de rock star qui se jette dans la foule. Il y a véritablement un effet anachronique dans le traitement de la vie de Shakespeare mais je pense que c’est le meilleur moyen d’intéresser le public à ce type de personnage.
Que ferez-vous après ce film ?
On est déjà en train de travailler sur mon prochain film qui s’appelle Singularity. C’est un film de science fiction, une sorte de thriller médical et donc cela traite de la question des rapports entre l’homme et la machine et de la fusion.
Avez-vous toujours l’intention de faire l’adaptation de Fondation ?
Oui, le projet est toujours là. Il est un peu plus compliqué qu’on l’imaginait donc on vient d’embaucher un nouveau scénariste pour travailler dessus et on espère pouvoir bientôt le tourner.
Si on se replace en septembre 2001, un certain mardi, de nombreuses personnes à travers la planète ont vu des images à la télévision, et au-delà de l’horreur, beaucoup ont fait un rapprochement avec vos films. Vous, en tant que réalisateur d’Independence Day en 1996, avez-vous également eu cette pensée, par rapport à l’effondrement de l’Empire State building dans votre film et les milliers de gens qui courent dans les rues ?
J’étais au Mexique lorsque c’est arrivé et j’ai été choqué comme beaucoup de monde, et encore plus lorsque de nombreuses personnes m’ont appelées et m’ont dit « On dirait l’un de tes films ». A cette période, j’étais en train d’écrire Le Jour d’Après, et j’ai immédiatement arrêté. Au bout d’un an je me suis rendu compte que j’écrivais pour une cause noble et juste, l’écologie, et j’ai donc recommencé, mais avec une approche différente sans doute. Ainsi, lorsque l’énorme vague arrive, on ne voit pas un seul bâtiment s’écrouler. Dans d’autres circonstances, cela aurait été différent, puisque plausible et naturel, mais je ne pouvais plus. Jamais personne n’avait vu un désastre d’une telle ampleur à la télévision et je pense que cela a marqué nos esprits et nos imaginaires à tous.
Beaucoup d’acteurs d’Anonymous, Rhys Ifans, Joely Richardson ou encore Derek Jacobi sont issus du théâtre. Est-ce que cela vous a aidé ?
Lorsque j’ai commencé le casting, il était clair pour moi qu’il fallait des comédiens britanniques pour des questions de crédibilité, de réalisme. Et cela m’a donné un autre avantage immense une fois que l’on a commencé à tourner. En effet, plus du tiers de ce film était tourné sur fond vert et c’est un problème avec les acteurs de cinéma qui ont l’habitude de décors réels ou tout du moins visuels. Du coup ils ont beaucoup de mal avec cela, il faut constamment les motiver et travailler avec eux pour qu’ils puissent imaginer le contexte dans lequel ils sont alors que les acteurs de théâtre n’ont aucun mal à cela, ce qui m’a beaucoup aidé.
Toute votre carrière vous avez alterné entre des films sur lesquels vous revenez souvent, des films catastrophes et des films qui font figure d’exception comme The Patriot ou 10 000 BC ou Anonymous. Dans 2012, vous refaites ce que vous faisiez dans Le jour d’après, c’est-à-dire détruire le monde, mais vous le faites encore mieux. Et là vous allez revenir à Independence 2 et 3. Qu’est ce qui vous motive à revenir sur une œuvre que vous avez déjà faite et à la magnifier, comme si vous n’étiez pas satisfait de ce que vous avez fait avant ?
Tous les réalisateurs font le même genre de film. Regardez Hitchcock, combien de films à suspense a-t’il fait ? Pour moi c’est pareil, mais je suis aussi à la recherche d’une variété. J’ai le goût de la différence, c’est pour cela que je viens de faire Anonymous et que je vais enchaîner avec un thriller médical. Et j’ai envie, pour les 10, 15, 20 ou je ne sais pas combien d’années de carrière de faire des films de plus en plus diversifiés.
Pourquoi avoir choisi de tourner Anonymous en Allemagne plutôt qu’en Angleterre ?
Je cherchais la solution la moins chère possible. J’avais déjà essayé de le faire 5 ans plus tôt en Angleterre et on avait du arrêter parce que cela revenait trop cher. Les coûts étaient moindres en Allemagne, notamment grâce au système d’avantages fiscaux qui nous permettaient de réduire le budget. Et c’était pour moi le prétexte idéal pour tourner dans mon pays natal et je ne pouvais pas demander mieux.
Merci infiniment M. Emmerich de nous avoir consacré votre temps.
Pour en savoir plus sur le réalisateur, lisez sa biographie ici.