De passage au festival de Deauville pour présenter le film Killer Joe, William Friedkin en a profité pour donner une masterclass sur son métier de réalisateur et sa carrière. L’un des temps forts a été lorsqu’il a abordé la notion de direction d’acteur et ses méthodes personnelles. Elles lui ont permis d’obtenir le meilleur d’une adolescente et débutante comme Linda Blair sur le tournage de L’exorciste mais ont aussi été sources de tensions avec Al Pacino.
Pour tirer le meilleur partie de sa jeune actrice Linda Blair, William Friedkin n’a pas hésité à la pousser dans ses retranchements. Ainsi, pour lui faire exprimer de la tristesse à l’écran, il l’a incitée à repenser à la mort de son grand père. Il s’agit en fait d’une technique assez classique utilisée par les acteurs expérimentés. Aller chercher dans son propre passé des émotions à transmettre à l’écran. Manquant d’expérience, la jeune Linda Blair a bénéficié du savoir de William Friedkin pour appliquer les méthodes des meilleurs.
Encore plus extrême et toujours sur le tournage de L’exorciste, William Friedkin n’a pas hésité à tirer un coup de pistolet en pleine prise pour effrayer l’actrice Ellen Burstyn, qui devait exprimer la surprise face à une sonnerie de téléphone. Il a d’ailleurs reproduit cette méthode plusieurs fois au cours de sa carrière.
Dans un autre registre, et cette fois-ci avec des acteurs expérimentés, William Friedkin n’hésite pas à leur chuchoter, juste avant une prise les mots « Surprise me » (Surprends-moi). L’objectif est là de pousser l’acteur à proposer autre chose que ce qui est prévu. Cela peut n’aboutir à rien du tout mais aussi offrir des variations particulièrement intéressantes.
William Friedkin a également insisté sur le fait que la direction d’acteurs dépend aussi beaucoup des comédiens qu’il a face à lui. Sur le tournage de Traqué, le réalisateur devait diriger deux comédiens extrêmement différents l’un de l’autre. Tommy Lee Jones est un instinctif qui ne demande qu’une fois les gestes et mouvements qu’il doit faire. Au contraire, Benicio Del Toro va poser plein de questions sur son personnage, les raisons pour lesquels il est assis de telle façon et pas d’une autre… Un bon réalisateur est aussi un directeur d’acteur capable de s’adapter aux différents comédiens avec qui il tourne.
Et justement, William Friedkin n’a pas connu que des relations idylliques avec les acteurs de ses films. Al pacino, interprète principal du film La chasse, a été très déçu de découvrir au cours de la première projection l’ambiguïté de son personnage, potentiel assassin, qu’il aurait joué différemment s’il avait su. Mais William Friedkin ne savait pas lui-même qu’il ferait ça avant le montage, et ne sait même pas aujourd’hui si le personnage est l’un des tueurs. Ce différent aurait été source de nombreux conflits entre l’acteur et le réalisateur.
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