Ici pas question de palmes et tubas, mais d’une grammaire du cinéma et de la mise en scène que nous allons détailler !
Parmi les différentes techniques de mise en scène, un des aspects de la grammaire du cinéma qu’il faut connaitre est la plongée et la contreplongée. C’est un procédé plutôt basique et simple à exécuter mais lourd de sens en terme de symbolique et de message envoyé au spectateur. C’est qui en fait une technique importante notamment pour les films auto-produits. Cela ne prend pas forcément beaucoup de temps en préparation et ce n’est par exemple pas aussi complexe que le plan séquence à exécuter. Voyons un peu plus en détail en quoi ces deux angles de vue consistent exactement et ce qu’ils peuvent apporter à un réalisateur en terme de narration par l’image.
Définitions
A l’origine, la plongée et la contre-plongée sont héritées de la peinture, puis de la photographie. Il s’agit d’angles de prise de vue, où l’on se positionne soit en dessus – la plongée – soit en dessous – contreplongée – d’une personne ou d’un groupe de personnes. Cela peut aussi être un lieu, comme une tour par exemple, ou un objet.
Ainsi, avec la plongée, l’axe de prise de vue donne l’impression que le sujet est inférieur et plus petit, en écrasant les perspectives. A contrario, avec la contreplongée, l’angle donne un sentiment de supériorité et de grandeur en exagérant les perspectives. Plus le positionnement de la caméra va être accentué, plus l’impact sur la perspective va être grand.
Utilisations et effets produits
La contre-plongée
Si la plongée donne une impression d’infériorité, la contre-plongée en toute logique donne un sentiment de supériorité, de force, et de domination. Sauf que cette fois, c’est la chose filmée qui domine !
Cela peut aussi être utilisé simplement pour magnifier un sujet. Par exemple, après que ce dernier ait réussi quelque chose de fort, d’impressionnant, le filmer en contreplongée va servir à le mettre en valeur. C’est typique des films de super héros.
La contreplongée va également pouvoir traduire un sentiment de malaise du personnage, par exemple en le mettant devant quelque chose de trop grand pour lui. Enfin, la contre plongée peut souligner des défauts. Cette technique ne s’arrête pas qu’au simple rapport de domination, et encore une fois, c’est le contexte qui permet de savoir ce que le réalisateur veut dire en utilisant ça.
La plongée
Comme dans la vraie vie, quand vous regardez quelqu’un vous avez l’impression de le dominer, d’être supérieur à lui, qu’il est position de faiblesse. Et bien c’est la même chose au cinéma. Ainsi, la plongée va servir à mettre en place bien souvent un rapport de forces et de domination. Celui qui est filmé comme cela se retrouve dans une position de dominé, que ce soit concret – par quelqu’un d’autre – ou bien métaphorique – par les événements par exemple.
Cependant on peut aussi trouver d’autres utilisations à la plongée qui n’installent pas ce rapport. Par exemple, une faible plongée va pouvoir permettre de dévoiler un décor. Cela peut également être utilisé pour donner un effet d’enfermement ou de déshumanisation – dans La mouche par exemple – ou pour des effets de style, comme dans Chantons sous la pluie. Pour autant il va ici plus s’agir de vues d’ensemble que de plongée sur des personnages.
Il y a également la plongée totale, où la caméra est quasiment à la verticale, donc à 90° du sujet qu’elle filme. Cela va encore plus accentuer l’écrasement. C’est parfois surnommé « le point de vue des dieux ».
Enfin, la plongée peut avoir une portée symbolique forte pour commencer ou finir un film. Cela peut aussi bien avoir un aspect de punition ou de happy end en fonction de la situation du personnage. Ça peut également donner un bon cliffhanger dans les séries.
Parmi les différentes interprétations que nous avons apportées à la plongée, il est facile de savoir laquelle correspond quand vous en voyez une. Tout dépendra en effet du contexte et de l’intention recherchée par le cinéaste !
Dernier point à noter, la plongée et la contreplongée peuvent être simplement la transcription d’une vue subjective d’un personnage. Une contreplongée sur des buildings par exemple va ainsi être utile non pas pour nous dire quelque chose de ces bâtiments, mais de celui qui les regarde. Une plongée va être par exemple le regard d’un personnage qui fouille une pièce.
Vous savez désormais tout sur la plongée et la contreplongée, comment les utiliser et ce qu’elles signifient dans la grammaire du cinéma. Cependant attention à ne pas en abuser : ce n’est jamais bon de trop utiliser les astuces les plus simples du cinéma.
