Le livre Les techniques narratives du cinéma est un très bel outil pour découvrir des procédés de mise en scène essentiels qui permettent aux réalisateurs de donner du style et du dynamisme à leur film, quel que soit le genre et la thématique. 100 techniques, chacune accompagnées d’un exemple de film, sont abordées de façon synthétique et pertinente.
De quoi ça parle ?
» Je m’efforce de toujours chercher d’abord la façon cinématographique de raconter une histoire par la succession des plans et des morceaux de film entre eux. Lorsqu’on écrit un film, il est indispensable […] chaque fois qu’il est possible, d’accorder la préférence au visuel sur le dialogue (…) En résumé, on peut dire que le rectangle de l’écran doit être chargé d’émotion. » En écho à ces propos d’Alfred Hitchcock, ce lire présente 100 exemples des techniques proprement cinématographiques qui construisent l’histoire d’un film. De Metropolis à Kill Bill, des extraits de scénarii célèbres montrent comment créer des caractères, dynamiser une action, donner toute sa force à une intrigue par le travail du cadrage, des mouvements de caméra, de la lumière… La force de ce véritable guide de référence à l’usage des scénaristes, des réalisateurs et de tous les cinéphiles est d’offrir une traduction simple et efficace, grâce notamment à la reproduction de très nombreux photogrammes, de al façon dont le cinéma produit du sens. Et de prouver, au travers de références tant classiques que contemporaines, qu’un film est bien autre chose que » de la photographie de gens qui parlent « .
Formes, échelle des plans et mouvements de caméra
Ecrire de façon littéraire n’est pas si difficile pour un scénariste un minimum expérimenté. En revanche, c’est une toute autre chose que de retranscrire des intentions du papier à l’image, et c’est ce qui fait que de nombreux scénaristes ne sont pas réalisateurs. La mise en scène nécessite un sens esthétique particulièrement développé, mais aussi de nombreuses connaissances en matières de formes, géométrie et d’image. Les différents procédés abordés dans le livre permettent d’explorer toutes les facettes les plus importantes de la mise en scène et de l’image : le sens du mouvement dans l’espace, la composition, l’image au service de la narration, les techniques de montage, les sons, l’échelle des plans, les mouvements de caméra ou encore l’éclairage sont tour à tour abordés de façon simple, faisant de ce livre un outil aussi intéressant pour les novices que les réalisateurs plus expérimentés.
Exemple de technique narrative : Split screen
(extrait du livre)
« Le split screen – ou multi-images – présente dans un même cadre deux plans contigus. Tout comme le montage alterné, le split screen tend à accentuer l’impression de simultanéité. Très à la mode dans les années 50 et 60, cet effet était souvent utilisé pour montrer les conversations téléphoniques {…} Si le split screen a été utilisé également dans les films d’horreur classiques, il ne se limite pourtant pas à un genre particulier. Quentin Tarantino lui a donné une nouvelle jeunesse dans Kill Bill vol. 1.
Exemple cinématographique : Kill Bill vol. 1
Ayant survécu de façon inattendue à une violente agression, Black Mamba (Uma Thurman) est dans le coma sur un lit d’hôpital. Un assassin est mandaté pour finir le travail.
Au moment où l’assassin, habillé en infirmière, marche vers le lit d’Uma Thurman, le film passe en split screen, et nous voyons simultanément Uma Thurman inconsciente dans son lit et l’assassin qui se rapproche.
Valeur dramaturgique : Le split screen peut montrer sur le même écran deux images ou plus. Dans cet exemple où les deux images semblent se toucher, le split screen suggère la proximité physique de la victime et de l’assassin : c’est un moyen de prolonger et d’intensifier le suspense. »
Et en bonus, l’extrait de la séquence en question :