Travelling au cinéma

Découvrez tout ce qu’il y a à savoir sur le travelling !

Aujourd’hui, intéressons-nous un peu mieux à un système de mise en scène que tout le monde utilise et qui est visible partout : le travelling. Tout le monde sait ce que c’est, mais pas forcément en détails. Plus important, nous allons voir également les significations de ses effets sur la mise en scène. Le tout, bien sûr accompagné d’exemples.

Au théâtre,  l’environnement et le cadre sont fixes, le spectateur ne voit l’action que d’un seul point de vue, global et extérieur. Au cinéma, le travelling, comme la caméra portée, permet aux réalisateurs de déplacer la caméra dans l’espace afin d’obtenir différents points de vues.

Définition

Le travelling est un déplacement réel de la caméra durant la prise de vue qui amène à un changement de point de vue physique. La caméra se rapproche ou s’éloigne d’un sujet donné, en étant sur des rails. Ceci garantie un mouvement fixe et droit de plan, à la différence d’une grue ou d’un steadicam.

Il existe différents types de travelling. En revanche, l’utilisation du zoom ne nécessitant pas de mouvements de la caméra, il ne s’agit pas d’un travelling. La caméra étant en mouvement, l’échelle des plans change au fur et à mesure de son déplacement.

le travelling est un mouvement de caméra régulièrement utilisé au cinéma

Le travelling peut être réalisé à l’aide de rails

Histoire

Le travelling est un très vieux procédé de mise en scène puisqu’il date de 1896, soit juste un an après l’invention du cinématographe. C’est à Venise sur une gondole que celui-ci est née, grâce à un opérateur des frères Lumière. On appelle alors ceci « la vue panoramique Lumière ». Le mot travelling n’apparaitra, lui, que dans les années 1920, par une critique cinématographique qui utilisera un faux anglicisme français.

Par la suite, le travelling est grandement développé dans sa dramaturgie cinématographique par Griffith ou Méliès qui vont grandement utiliser le travelling. Aujourd’hui, c’est un mouvement de mise en scène que l’on retrouve dans chaque film tant il est commun. Il n’est donc pas possible de dire qu’un réalisateur est spécialisé dans le travelling comme on pourrait le dire avec le plan séquence. Pour autant, certains sont aujourd’hui devenus extrêmement cultes et ont marqué l’histoire du cinéma.

Fonctionnement et utilisation

A l’origine, le travelling correspondait à l’utilisation d’un chariot ou de rails pour éviter des heurts lors d’un mouvement de caméra. Le résultat est un mouvement fluide, qui peut aller en ligne droite ou en courbe.

Le terme a évolué et est maintenant utilisé de façon très large pour désigner tout mouvement de caméra qui s’apparente à l’utilisation de rails, même si la technique est autre.

Les différents types de travelling peuvent influer dans les trois dimensions de l’espace. Le réalisateur choisit donc le mouvement le plus adapté à l’effet qu’il souhaite produire au spectateur.

Le travelling horizontal ou latéral

Le travelling horizontal suit un sujet, une voiture ou un personnage, qui est au cœur de la séquence. Le mouvement de la caméra suit généralement le même rythme que le sujet. Cela donne du dynamisme à la scène et permet au spectateur d’adopter le rythme du sujet de la scène.

Dans un mouvement généralement effectué de gauche à droite, la caméra accompagne donc une action dans un décor qui se dévoile ou qui change progressivement aux yeux du spectateur.
Le travelling horizontal est très souvent utilisé pour montrer le ou les personnages principaux d’une séquence ou d’un film.

Travelling Latéral – Le lauréat de Mike Nichols

Le travelling d’ouverture du film Le Lauréat, avec Dustin Hoffman dans le rôle titre est l’un des mouvements latéraux les plus mémorables et les plus brillants du cinéma. La caméra suit un personnage tout au long de l’escalator plat sur lequel celui-ci se trouve. On comprend tout de suite qu’il s’agit du personnage principal du film, supposé faire face à son avenir. Le fait qu’il aille de droite à gauche et non de gauche à droite, évoque clairement que le personnage n’est pas encore prêt à se projeter vers cet avenir. De même, le personnage en lui-même ne bouge pas, n’avance pas. C’est l’escalator, les gens autour de lui qui sont en mouvement. Lui fait du sur-place, dans cette séquence comme dans sa tête. En plus d’évoquer tout cela, cette séquence dévoile le générique du film.

Le travelling vertical

Le travelling vertical consiste en un mouvement qui fait descendre ou monter la caméra vers un sujet ou une action. On parle de travelling vertical haut lorsque la caméra s’élève au dessus du sujet filmé, généralement à l’aide d’une grue. On parle de travelling vertical bas lorsque la caméra descend par rapport au sujet filmé.

Le travelling vertical est très souvent utilisé en introduction d’une séquence, pour révéler progressivement le lieu et l’action. Il est également souvent employé pour montrer une information importante, comme le nom d’une personne sur une pierre tombale.

Travelling vertical – Once Upon a Time in the West de Sergio Leone

Ce travelling haut permet en effet de terminer la scène mais aussi de faire découvrir où au spectateur ce qui se cache derrière la maison, le lieu où se dirigent les personnages sortant. La musique entraînante rajoute un côté impressionnant à la scène, comme si l’on nous dévoilait un endroit et une communauté dont l’importance est cruciale.

Le travelling avant

Avec un travelling avant, la caméra s’approche du sujet filmé. Au fur et à mesure du rapprochement, le champ de vision, tout ce qu’il y a autour du sujet, se réduit. Le travelling avant permet aussi de suivre un personnage, d’en adopter le point de vue.

Souvent ce travelling est fait pour souligner quelque chose d’important à l’histoire ou un changement significatif.

Le travelling avant est souvent utilisé pour conclure une scène, suivi par un travelling arrière en ouvrant une autre. Ils symbolisent alors la sortie de la séquence ou du lieu dans lequel elle se déroule.

Le travelling avant peut aussi avoir une valeur dramaturgique forte. En avançant, la caméra va par exemple révéler au spectateur un objet qui passait inaperçu dans la vue d’ensemble. Le fait de montrer cet objet donne de l’importance et des informations au spectateur. Si la caméra se rapproche d’un personnage pour finir en gros plan, ses émotions seront révélées progressivement, créant une certaine tension.

Les travellings avant sont généralement faits dans un axe vertical, par exemple à hauteur d’homme lorsque la caméra suit un personnage. Il est toutefois tout à fait possible d’effectuer un travelling avant en plongée ou contre plongée. Le résultat obtenu sera assez atypique. Cette technique est assez judicieuse pour donner de l’envergure à l’environnement, avant de s’intéresser progressivement au cœur de l’action.

Travelling avant – The Hobbit

Dans ce cas, la lumière est faite sur l’homme qui reste debout, donnant de l’importance à son message et un certain charisme au personnage.

Enchaînement travelling avant/arrière créé quant à lui un effet de comparaison. Si le même objet est utilisé pour les deux séquences qui se suivent, le spectateur le remarquera et fera automatiquement un rapprochement, une opposition, entre les personnages et/ou les environnements des deux séquences.

Le travelling arrière

Le travelling arrière repose globalement sur le même principe que le travelling avant sauf que le mouvement s’effectue dans le sens opposé. Ici, la caméra recule, s’éloigne du sujet filmé. L’effet est donc contraire au travelling avant : Le champ de vision va s’élargir au fur et à mesure du plan pour révéler de nouvelles informations au spectateur. Cela peut être pour donner une impression d’importance, de groupe ou d’unité, par exemple.

Le travelling arrière peut être très utile pour montrer les émotions d’un personnage qui se déplace. Plutôt que de le suivre de dos, le travelling arrière va permettre de le voir avancer vers la caméra, et ainsi dévoiler toutes ses expressions.

Le travelling arrière ne sert pas qu’à révéler de nouvelles informations au spectateur. La caméra, en s’éloignant du sujet, va créer une certaine distance entre le spectateur et celui-ci.

Travelling arrière – Frenzy d’Alfred Hitchcock

Cet extrait est riche en enseignement puisqu’il contient plusieurs travellings arrières, chacun avec des intentions différentes. Dans le premier travelling arrière, la caméra recule simplement pour se déplacer au rythme des deux personnages en train de dialoguer. Dans le dernier travelling arrière, au contraire, la caméra s’éloigne des personnages qui viennent de s’isoler dans une pièce.

Le travelling circulaire

Appelé également travelling à 360°, le travelling circulaire consiste en un mouvement de caméra autour de l’action. Il a souvent une valeur dramaturgique très puissante. Il peut renforcer l’idée de mouvement, le dynamisme d’une scène, bien sûr, mais peut tout aussi bien indiquer la folie, le changement chez un personnage.

Le déplacement de la caméra lors d’un travelling circulaire peut être aussi bien lent que rapide, en fonction de l’idée, du message, que le réalisateur veut faire passer.

Travelling circulaire – Kill Bill

Ici le travelling sert à montrer le danger auquel fait face l’héroïne, puis d’adopter son point de vue.

Le Travelling Compensé

Le travelling compensé est l’une des nombreuses trouvailles que l’on doit au cinéaste Alfred Hitchcock. Il s’agit d’effectuer en même temps un travelling avant avec un zoom arrière ou inversement lors d’un plan fixe. L’effet obtenu donne le sentiment de perdre l’équilibre ou d’être sous l’emprise de drogues. Hitchcock l’a utilisé pour son film Vertigo, dans lequel son personnage principal est régulièrement pris de vertiges.

Ceci est une bonne méthode pour garder le sujet au centre du plan, sans qu’il ne grossisse ou rapetisse, pourrait-on dire, tout en dévoilant encore plus d’arrière-plan et d’en retirer un peu au passage. Raging Bull ou Le seigneur des anneaux, par exemple, font ça très bien.

Cette technique a pour effet de mettre le spectateur dans la tête du personnage, lui faire ressentir ce qu’il ressent. En effet cela procure au spectateur une sensation bizarre d’élasticité de l’espace filmé, qui traduit souvent un certain malaise du personnage à l’écran.

Travelling compensé – Sueurs froides d’Alfred Hitchcock

Hitchcock a encore frappé, il utilise avec brio le travelling compensé et nous donne le vertige face à des escaliers qui nous semblent sans fin et dangereux.

Travelling compensé – Les dents de la mer

On voit bien ici le trouble qui prend le personnage et l’angoisse qui l’aspire hors de son petit confort.

Aller plus loin

Vous l’aurez compris, le travelling est un outil très efficace pour enrichir votre mise en scène, en donnant plus de sens et d’énergie à vos séquences. Pour continuer à développer votre savoir-faire, nous vous recommandons le livre « Les techniques narratives du Cinéma« , ou encore « Faire un film« , écrit par le célèbre réalisateur Sidney Lumet.

Mots-clés: exemple de sujets en camera

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Christopher Guyon

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