A l’occasion de la première édition du Devenir Réalisateur Film Festival, nous avons eu le plaisir de diffuser le film Discipline, également sélectionné au Toronto International Film Festival (TIFF). Nous avons profité de l’occasion pour interviewer son réalisateur Christophe Saber, encore étudiant lorsqu’il a réalisé ce film.
Christophe Saber en quelques mots : Né en 1991 au Caire. Nationalité suisse et egyptienne. Après ses études dans un collège américain au Caire et une brève formation dans une école de réalisation aux USA, il intègre le département cinéma de l’ECAL en 2010. Discipline est son film de diplôme.
D’où vient le concept de Discipline ?
Le concept m’est venu petit à petit en parlant de mon education égyptienne à des amis suisses. Ayant grandi au Caire, le rapport à l’enfant est très différent de celui en Europe. Les réactions d’amis faisaient parfois rires, d’autres fois cela pouvait choquer. Je me suis rendu compte que c’est un sujet sensible sur lequel tout le monde a un avis assez tranché, ce qui pouvait mener à un conflit interessant à l’écran.
Comment avez-vous abordé l’écriture de ce scénario, et qu’est-ce qui a été le plus important pour vous dans son exécution ?
Ma première intention était de réaliser un film avec une variété de personnages, socialement, idéologiquement et ethniquement différents. Le tout conduit par du dialogue. J’aime beaucoup écrire les dialogues et opposer des personnages radicalement différents les uns des autres pour ainsi créer une tension qui ne cesse de monter.
Quel genre de préparation et de recherches avez-vous fait pour donner vie au film ?
J’ai surtout tiré de mon propres vécu. Cela faisant 3 ans à peine que je vivais en Suisse. J’ai de la famille égyptienne qui a également émigré en Suisse romande et notamment deux oncles qui gèrent des épiceries comme celle que l’on voit dans le film. Les deux personnages égyptiens sont par ailleurs mes cousins. J’ai donc tiré de ma propre experience en travaillant dans ces épiceries et en volant des traits de caractère à des gens autour de moi pour les appliquer à mes personnages.
Quels ont été les principaux défis à relever pour réaliser Discipline ?
Je pense que le moment le plus compliqué était le montage. C’était la première fois que je travaillais avec un monteur et c’était très douloureux de couper beaucoup de pages de scénario ou même des personnages entiers pour des questions de rythme. En tant que jeune réalisateur, j’avais tendance a sacraliser la matière récoltée au tournage et le monteur était par contre sans pitié. Il avait bien évidement raison de l’être mais j’ai mis du temps à accepter qu’il fallait lâcher prise pour le bien du film.
Quelle a été votre réaction lorsque vous avez su que votre film était sélectionné au TIFF ?
Ma réaction était un mixe d’euphorie et soulagement. Discipline est le premier que j’ai réalisé qui était produit par des producteurs externes à l’école d’art et donc le premier à toucher du financement de l’état suisse. La pression que j’ai ressenti tout au long de la production était énorme. Le festival de Locarno était le premier festival où le film a été soumis et ils ont refusé le film. J’ai cru pendant quelques semaines que j’avais peut être raté mon film et ensuite Toronto nous a envoyé leur bonne nouvelle et on a fait péter le champagne !
Vous étiez étudiant lorsque vous avez réalisé ce film. Pensiez-vous envisageable de connaître un tel succès en festival ?
Absolument pas. Mon but était d’abord d’obtenir mon diplôme et si le film avait un parcours dans un cinquantaine de festivals ça aurait été déjà un succès. Je ne m’attendais vraiment pas à ce que le film voyage autant pendant si longtemps. Ce court métrage a réellement changé beaucoup de choses dans ma vie.
Pouvez-vous nous parler de vos projets actuels et futurs ?
Je développe actuellement mon premier long métrage de fiction qui se déroulera au Caire. Dans le même ton que Discipline. Je ne veux pas en dire plus. 🙂
Quelle partie du cinéma vous passionne le plus ?
Ce serait dur de mettre l’accent sur une partie du cinema qui serait la plus passionnante. Chaque étape l’est pour des raisons très spécifiques. La pire est surement l’écriture où l’on se sent parfois très seul et la meilleure est le travail en équipe sur le plateau, notamment la direction d’acteurs. Découvrir de nouvelles pépites pendant le tournage que je n’avais absolument pas prévu. C’est dans ces moments là que je sais que la magie du cinéma opère.
Et enfin, quels sont vos réalisateurs préférés ?
Ça change beaucoup de mois en mois selon ce que je fais. En ce moment je suis amoureux de Ruben Ostlund. Et sinon tout ce qui est écrit par Aaron Sorkin est toujours une référence pour moi.
Merci Christophe, bonne journée !