Ecole de cinéma et d’audiovisuel à Tours – ESCAT : présentation

Vous venez d’obtenir votre Bac ou vous avez le niveau BAC et vous vous intéressez aux métiers de l’audiovisuel et du cinéma ? L’EscaT est une école de cinéma qui ouvre ses portes à la rentrée 2017, à Tours. Après une brève présentation de l’école, je vous propose une interview d’Isabelle Heurtaux, la Directrice-Fondatrice.

Campus à Tours et relation avec le monde professionnel

C’est dans une ambiance calme, colorée et verdoyante, dans le nord de Tours, que le campus de l’EscaT, sur 1000m2 s’est installé pour accueillir professionnels de l’Audiovisuel et jeunes souhaitant découvrir et se former aux métiers du cinéma. Les cours collectifs sont dispensés dans un amphithéâtre spacieux. Pour leurs projets, les étudiants auront notamment à disposition un plateau de tournage de 200m². Ils pourront utiliser un matériel de tournage moderne et performant, doté des nouvelles technologies.

Vous voulez travailler dans l’audiovisuel ? Que vous soyez intéressé par le cinéma ou la télévision, vous aurez l’opportunité d’effectuer des stages dans une société impliquée dans des projets cinématographiques ou télévisés en rejoignant cette école. Chaque jour, des expérience de terrain, sous forme de travaux pratiques et exercices de tournage, seront encadrées par des équipes de professeurs issus du monde professionnel et cumulant de nombreuses heures de tournage.

Les partenaires et parrains, dont quelques grands noms, partageront leur expériences de terrain et accompagneront les étudiants dans leur formation et leurs projets.

Comment s’organisent les deux ans à l’EscaT ?

Le cursus à l’ESCAT se déroule sur deux ans. La première année du cursus est axée autour d’un tronc commun, avec cours théoriques le matin et cours pratiques l’après midi : les étudiants auront par exemple plusieurs cours théoriques sur le cinéma et l’art afin de compléter leur culture générale. Ils aborderont de nombreux thèmes de l’écriture, jusqu’à la diffusion (réalisation, image, son, montage, post-prod, production, distribution).

La deuxième année sera une opportunité pour eux de se spécialiser : d’un côté écriture-mise en scène ; et de l’autre : cadre-image-chef-opérateur. L’objectif majeur est que chaque élève puisse quitter l’école en ayant réalisé son premier film. L’accent sera donc mis sur les tournages, les scénarios et la mise en scène. A travers chaque projet, toutes les compétences seront mobilisées.

Visiter le site de l’EscaT

Interview d’Isabelle Heurtaux

Bonjour,  Pouvez-vous vous présenter, votre parcours, ce qui vous a amené jusqu’à la création de cette école ?
J’étais journaliste. J’ai quitté le métier pour élever mes deux filles. Je suis venu en Touraine parce que mon mari venait de la région et souhaitait y retourner. J’ai donc travaillé avec mon mari puis j’ai ouvert un restaurant, puis je l’ai fermé car je ne voyais plus ma famille.
Quand j’ai fermé le restaurant, j’ai voulu revenir au journalisme alors j’ai acheté une caméra, un banc de montage et j’ai réalisé des documentaires.

Entre temps ma fille ainée est rentrée au conservatoire à Tours et j’ai découvert cette ville que je trouve absolument merveilleuse. Mon mari a une idée « pourquoi on ne créerait pas une école de cinéma ? » Et moi j’ai toujours eu ce coté maitresse d’école, j’ai passé un diplôme de français, j’ai donné des cours dans le collège de mon village. Créer cette école allie les deux : être prof et dans l’audiovisuel.

Ton mari est impliqué dans le projet ?

Il est producteur indépendant et déjà, il est impliqué car c’est lui qui a eu l’idée, et étant dans le cinéma depuis 30 ans il connait du monde. Si on comptait le nombre d’oscars et césars que ces personnes ont reçu on pourrait remplir un semi-remorque et c’est très important de montrer qu’on ne vient pas de nulle part. Et toutes ces gens avec qui il a travaillé vont faire des Masterclass, soutenir l’école et bien sûr échanger avec les élèves. Pour le reste, c’est moi qui gère : projet pédagogique, administratif, le concept…

Pour le moment c’est une école post-bac ? 

Non c’est niveau Bac. Une maman m’a appelé l’autre jour pour son fils en première, et je l’ai encouragé à passer son bac, pour ne pas le regretter après. Quelqu’un qui a un CAP en poche, c’est quand même mieux que rien. Pour ce métier là non, mais on ne sait jamais ce que réserve la vie, et si jamais un jour il devait prendre un autre chemin, avoir quelque chose en poche c’est quand même mieux. Donc on va dire niveau bac, si ils l’ont c’est mieux et s’ils l’ont pas ça marche aussi. Le premier critère c’est la motivation

Et des profils plus âgés qui auraient envie de se réorienter, avec quelques années d’expérience ?

La question m’a également été posée. Le problème devant lequel je me situe est que je vais faire des équipes, 5,6, 7 maxi. Ils vont tourner des choses. Il faudrait pas qu’il y en ait un qui prenne l’avantage sur les autres parce qu’il a une grosse expérience. Je veux qu’ils soient tous au même niveau même s’il y aura toujours des personnalités qui vont ressortir, et qui vont peut être avoir un ascendant sur les autres, il y a toujours un leader, mais pas forcément plus âgé.

Après ce sera au cas par cas. On a le droit de se perdre, de se chercher, donc je ne veux pas fermer la porte du tout. Ce serait dommage. Cette personne là, peut être, va apporter énormément à d’autres.

Ce serait un cursus en combien de temps ?

2 ans. En première année c’est un cursus commun à tout le monde, avec une partie théorique le matin et pratique l’après midi. La deuxième année avec spécialisation : d’un coté réalisation/scénario et de l’autre chef opérateur / image.

Sur la partie théorique, quel serait le contenu sur la première année ?

Je te renvoie au site ou c’est très bien décrit. Il y a bien sur tout ce qui est « esthétique du cinéma », histoire des arts, histoire du cinéma, la production, de l’anglais. Le tout avec une dimension concrète. L’anglais ce sera de l’anglais du cinéma, avec les termes qui vont avec, autour de l’audiovisuel. On va pas leur faire étudier l’histoire de l’immobilier.

C’est très important d’avoir cet axe théorique, pour que les élèves aient un minimum de culture générale. C’est un grand manque que je constate autour de moi. C’est pour ça que je voudrais vraiment les faire sortir, avec nous, aller voir des films. Ils vont faire des fiches de lecture, de visionnage. Ici il y a plein de galeries de peinture. Je veux qu’ils connaissent tout ça pour qu’ils aient des références esthétiques.

Tu envisages des partenariats avec d’autres institutions, notamment le cinéma Les studios coté cinéma, mais aussi dans d’autres domaines ?

Oui tout à fait. Les studios m’ont appelé, on va se voir au mois de mars. Forcément on ne peut pas passer à coté des studios. Il y a plein de gens avec qui j’ai envie de travailler et qui ont envie de travailler avec nous. Et pour les étudiants ça va être formidable parce qu’ils vont être partout.

Dans les cours théoriques, il y a un cours auquel je tiens énormément : tous les mercredis, passer en revue la sortie de tous les films : qu’est ce qui sort ? quel genre de films ? Combien ont fait les films la semaine dernière ? Ou ça se situe dans l’actualité ? Je trouve ça très important, parce que si ils font du cinéma, ils vont être confrontés à ça.

Toi même tu as fait pas mal de documentaire, est-ce que tu as envie de travailler spécifiquement cet axe dans l’école ?

C’est une école de cinéma et d’audiovisuel, donc on ne peut pas ne pas faire de documentaire. Il y aura aussi une séquence télévision : comment faire un reportage, quelle est la différence avec un documentaire, car ce n’est pas la même chose. La matériel n’est pas le même, la façon d’aborder l’image n’est pas la même. Je veux que ce soit abordé car ces jeunes ne vont pas forcément trouver de quoi vivre dans le cinéma, et notre but c’est qu’ils en vivent après. Si ils font du cinéma et qu’ils n’y arrivent pas, qu’ils aient quand même un plan B, dans l’image. Qu’ils ne soient pas obligés d’être serveurs, qu’ils fassent ce qui leur plait. S’il y a un poste de JRI, qu’ils puissent le faire.

Au niveau des étudiants recherchés, ce sera principalement au niveau du vivier local / régional  ou dans toute la France / à l’international ?

Oui pourquoi pas. Mais il n’y a pas d’autre école dans toute la région. Peu importe d’où ils viennent, je veux juste qu’ils soient passionnés.

Quels sont les critères de sélection du coup ?

Je veux qu’ils me racontent qui ils sont : c’est l’inverse de tout ce qu’on attend dans les écoles dites normales. Dites moi ce que vous êtes, ce que vous aimez, quel est votre rapport à la culture et à l’image… C’est la-dessus que je vais me baser. Après, peut-être qu’ils auront déjà fait des petits trucs en lien avec l’image. J’ai mis en ligne un court métrage d’une minute fait avec un téléphone, tu sens qu’il y a un style, une écriture, un traitement particulier de l’image.

S’ils ont des choses comme ça à montrer c’est merveilleux. S’ils n’ont rien, ce n’est pas grave, ils vont apprendre. S’ils ont l’envie c’est l’essentiel.

Quels seront les moyens matériels mis à disposition des élèves ?

Tout pour travailler : le matériel de tournage, de prise de vue (caméras, son) et tout ce qui concerne la post-production, avec un studio de mixage et des ordinateurs pour faire le montage. On peut suivre la chaine de A à Z.

Auront-ils des stages à faire durant la formation ? Dès la première année ? Durant la deuxième ?

Sur les deux ans, on leur promet un stage. On fournit un stage donc on verra comment cela s’organise, car on ne va pas se défaire de tous les élèves en même temps. Et puis on verra les besoin des uns et des autres ici.

Il y a beaucoup d’acteurs de l’audiovisuel ici qui m’ont appelé en disant que c’était génial que l’école se créé, car ils avaient besoin de stagiaires. Des gens qui produisent des fictions et des choses importantes dans la région.

Donc l’idée serait de faire travailler les étudiants plus dans la région qu’à l’extérieur ?

Pas forcément. Après, je vois pas pourquoi j’irai proposer des trucs loin si il y a de quoi faire ici. Mais nous disposons aussi des réseaux nécessaires à Paris donc ça ne pose pas de souci. Le but, c’est qu’ils travaillent, qu’ils aient un premier pied dans ce milieu, qu’ils comprennent comment ça se passe, qu’ils voient ce que l’on attend d’eux. Et nous on les forme pour qu’ils puissent répondre à cette demande.

Quels sont les coûts de la formation ?

C’est 6000€ par an. Il n’y a pas de bourse parce que l’on est complètement privés. Il y a des droits d’inscription de 500 + 50. Les 500€ ne sont encaissés que lorsque l’élève est sélectionné et cela couvre pas mal de choses dont l’assurance. Une fois qu’il a payé ça, l’étudiant ne paye plus rien : pas de carte mémoire, disque à fournir…

On se situe dans la moyenne basse des écoles d’audiovisuel. Il y a 7 écoles à 6000€ et tout le reste est au-dessus, ça va jusqu’à 25000€. Notre pari c’est que ils rentrent dans la vie active juste après.

Ils ne vont donc pas forcément enchainer avec une licence ou master mais directement travailler ?

Oui. Une fois qu’ils auront touché à la pratique ils voudront plus retourner à l’école. Il voudront être dans le coeur du truc. J’ai été de l’autre coté, dans la production. Je les vois arriver les stagiaires. Quand ils rentrent, ils ne veulent plus ressortir. c’est normal. Et ceux qui sont en alternance, quand ils doivent retourner en cours c’est difficile, ils n’ont qu’une envie c’est de retourner dans le coeur du sujet.

Donc pas d’alternance ?

Non. C’est compliqué pour une boite de production d’avoir quelqu’un qui est là une demi journée, ou une semaine et qui repart, tu n’as pas de suivi. Alors que si tu as un tournage qui dure plusieurs semaines, si tu as une personne qui est là tout le temps, tu vas avoir une évolution. La personne va voir et comprendre ce qui se passe du début à la fin.

Combien de classes pour la rentrée en septembre ?

50 élèves maximum puisque on pourra avoir quatre classes maximum sur les deux années. Ce qui ferait deux classes de 25 à la rentrée.

En plus des cours assurés par des professionnels de terrain, le cursus prévoit des masterclass ?

Oui, une fois par mois, une masterclass sera animée par un professionnel de renom, une pointure, comme, le compositeur Alexandre Desplat qui a reçu des Césars et Oscars. Et d’autres grands techniciens comme Michel Carrat, ingénieur son sur Hunger Games ou Gerard de Batista, chef opérateur sur les films de Claude Lelouch et Claude Miller. Ils viendront parler et donner leur point de vue, dire comment ça se passe vraiment, parler de la réalité du métier.

Quelle forme auraient ces masterclass ?

Des questions / réponses. En fait, dans l’école, on va avoir un foyer, qui est un grand espace qui servira autant de lieu pour les cours théoriques et de foyer au sens premier du terme, où ils pourront travailler en groupe, s’installer dans des canapés. Ce sera un endroit chaleureux. C’est là où ils mangeront aussi, ils pourront discuter de leurs projets, leurs courts métrages, et c’est dans ce foyer que les masterclass auront lieu, que des projections seront organisées.

Le matériel sera aussi à disposition pour des projets personnels ?

Ils n’auront pas le temps. On va leur demander de faire des projets. C’est la différence entre les travaux dirigés et travaux pratiques. Les travaux dirigés le seront par le professeur qui va leur demander précisément ce qu’il veut : «  là vous aller me faire une scène entre deux personnes dans un café, on entend de la musique, il y a des gens qui parlent en off » On leur donne la scène et ils devront la filmer en champ / contre champ.

Et les travaux pratiques c’est « vous écrivez votre scène ». Pour chaque étape de la fabrication du court métrage, ils auront un travail à faire. Ils ne vont pas avoir le temps de faire leurs propres travaux en plus. Et sur les deux ans, ils doivent créer un court métrage de A à Z qui validera leur diplôme de sortie et qui sera diffusé lors d’une grande soirée de gala avec un jury de professionnels qui viendront remettre un prix et expliquer leur choix. L’équipe gagnante pourra faire un court métrage avec un matériel plus important.

Et donc chaque élève devra être réalisateur d’un court métrage ?

Ce sera par équipe, mais chaque élève aura fait tous les postes : réalisateur, ingénieur du son… pour qu’ils puissent vraiment toucher à tout.

Y aura-t’il une volonté de proposer leurs courts métrages à des concours, des festivals extérieurs ?

Oui bien sur. Tout ce qui est en rapport avec la réalité du métier, ce sera bon. Et nous on sera en relation avec tous ces gens là de toute façon.
Merci beaucoup pour ces réponses.

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Christopher Guyon

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