Interview du réalisateur de TUNNEL : Kim Seong-hun

Un réalisateur coréen

A l’occasion de la sortie du film événement TUNNEL, le réalisateur coréen Kim Seong-hun était présent à Paris. Il nous a fait le plaisir de répondre à quelques questions ! Vous pouvez également découvrir notre critique du film sur Oblikon.net !

Le synopsis de TUNNEL

Alors qu’il rentre retrouver sa famille, un homme est accidentellement enseveli sous un tunnel, au volant de sa voiture. Pendant qu’une opération de sauvetage d’envergure nationale se met en place pour l’en sortir, scrutée et commentée par les médias, les politiques et les citoyens, l’homme joue sa survie avec les maigres moyens à sa disposition. Combien de temps tiendra-t-il ?

Interview de Kim Seong-hun

Massivement applaudi à l’issue de la projection de TUNNEL, le réalisateur entre dans le cinéma. Le 16 mars 2017, au Forum des Images, le public de blogueurs et journalistes est conquis par ce film catastrophe de 2 heures ! L’émotion passée, le micro est donné au public pour une séance de questions / réponses.  Kim Seong-hun répond aux questions avec beaucoup d’humour, et aussi humilité.

Vous êtes à l’initiative du scénario, que vous avez écrit. Qu’est-ce qui vous a poussé à raconter cette histoire en particulier ?

Bonsoir ! Vous avez bien dormi ? Rires du public (NDLR : le film est très intense ! Impossible de dormir !) Alors avant tout, il existe un roman qui porte le même nom. Donc pour ceux qui ont un peu de temps, mettez vous au coréen et essayez de le lire. J’espère que vous le ferez avant la fin de votre vie. Effectivement, il y a quand même un écart entre le roman et le film que vous venez de voir. Mais dans l’ensemble c’était une histoire que j’avais envie de raconter. C’est pour cela que j’ai fait ce film.

le film Tunnel

C’est votre troisième long métrage et vous travaillez avec deux énormes stars (Ha Jung-Woo et Doona Bae). Est-ce que cela a été difficile de travailler avec eux ? De les convaincre de jouer dans votre film ?

Effectivement, c’est mon troisième long métrage. Le deuxième, je ne sais pas si certains d’entre vous l’on déjà vu, c’est Hard Day. Et il est vrai qu’il était difficile à l’époque de faire un casting comme je le souhaitais. Mais en tout cas, pour le troisième que je vous ai présenté ce soir, c’était vraiment très simple pour travailler avec Ha Jung-Woo et Doona Bae. Ils ont tout de suite accepté. En fait, mon tout premier long métrage, je pense qu’aucun d’entre vous ne l’a vu, c’était un flop total ! Mon deuxième, Hard Day, était beaucoup mieux comparé au premier. Du coup, pour le troisième, j’ai eu beaucoup plus de facilités pour sélectionner les acteurs avec qui j’avais envie de travailler.

Derrière ce film catastrophe, ce survival, il y a une critique au vitriol de votre société, des infrastructures. Est-ce qu’il y a quelque chose que vous aviez vraiment envie de dire sur la société coréenne ? Et qui vous déplaît peut-être ?

Avant tout : j’aime la Corée ! Je tiens à le signaler. Cette corruption que l’on voit dans le film n’est qu’une infime partie de la société coréenne. Je veux quand même souligner encore une fois qu’il s’agit d’une micro partie de la société coréenne. Et je pense que c’est à cause de cette micro partie que nous avons réussi à faire destituer la présidente de Corée. Et je pense que je fais partie de ces réalisateur coréens qui choisissent de prendre des thèmes de la vie réelle qui nous entourent, pour en faire un film. Evidemment, vu qu’il ne s’agit pas d’un film documentaire, j’ai volontairement poussé à l’extrême certaines situations pour montrer de la fiction, exagérer un peu certaines parties.

Est-il difficile de convaincre des producteurs en Corée pour faire ce genre de film ?

Non, c’est le même producteur qui a travaillé sur Hard Day et sur TUNNEL. Personnellement, je pense qu’à l’époque où j’ai fait Hard Day, c’est un film qui a eu besoin d’à peine un tiers du budget de TUNNEL. C’est une période où aucune producteur n’avait vraiment confiance en moi, par rapport à mon passé assez sombre (NDLR : à propos de son premier film). Et c’est pour cela qu’il a fallu beaucoup de temps, de nombreuses années pour parvenir à réaliser mon deuxième film. En fait, il s’est passé environ 7 ans 1/2 entre mon premier et mon second film. Heureusement, pour TUNNEL je n’ai pas attendu aussi longtemps ! Cela a été beaucoup plus facile.

Le film est tour-à-tour angoissant et très drôle, l’humour est-il déjà présent dans le roman d’origine ou est-ce vous qui l’avez ajouté ? Cette balance entre angoisse et humour a-t-elle été difficile à gérer à l’écriture ?

Avant tout, je ne peux pas regarder un film d’horreur ! Quand vous regardez TUNNEL, le sujet principal est une catastrophe, un sujet assez lourd. Et pour parler d’un sujet aussi lourd que celui là, il existe différentes façons de faire. Ce que j’ai choisi c’est plutôt d’utiliser le code humoristique pour faire passer des messages. Si je peux me permettre de faire une petite comparaison, c’est comme un bon morceau de steak ! Quand vous mangez une entrecôte, cela reste finalement un morceau de viande, c’est que de la protéine. Mais si ce n’est que de la viande pure, cela pourrait être un petit peu trop sec. Et s’il y a un petit peu de gras, cela fait mieux passer le morceau de viande ! Et je pense que dans le film, c’est pareil. Le sujet qui peut être trop dur à porter, en mélangeant à ma façon avec ce petit côté humoristique, cela fait un peu mieux passer la pilule pour dédramatiser un peu la chose.

Le film est-il une référence, ou un clin d’œil aux faits divers qui se seraient déroulés en Corée ?

Ce film est sorti en Corée l’été dernier et c’est la question que l’on m’a le plus posé. Je ne sais pas si certains d’entre vous sont au courant de ce désastre qui s’est déroulé il y a trois ans, de la catastrophe du ferry Sewol qui a coulé avec 300 personnes. Ce désastre a tellement marqué la vie de tous les coréens qui ont vécu cette période là. Je ne l’ai pas utilisé comme sujet direct dans mon film, mais effectivement cela a du avoir une répercussion pour faire ce film. Le Sewol a été un réel traumatisme pour tous les coréens, qu’ils s’agissent des proches des victimes ou non. Forcément, que cela soit volontaire ou non, il peut y avoir un impact sur la manière dont j’ai fait le film. Dès lors où l’on voit un sujet qui est lié à la survie d’un être humain, je pense que tous les coréens vont être touchés et vont penser à ce désastre du ferry Sewol.

TUNNEL va certainement convaincre les producteurs. Peut-on espérer, pour la quatrième production, une collaboration avec Choi Min-sik ? 

D’un point de vue extérieur, oui, cela peut paraître un peu plus simple pour un quatrième volet. Mais je pense que si j’accepte tout de suite le challenge de faire un quatrième sur un coup de tête, cela ne sera pas évident d’arriver à un succès.

Avez-vous déjà des petites idées pour la prochaine production ?

Mon futur projet n’est pas un film mais une série en production avec NETFLIX. Il s’agit d’une série de huit épisodes dont le tournage va démarrer cet automne (2017) pour qu’il soit visible l’été prochain. C’est une série ancrée dans l’histoire de la Corée, un drame politique qui se déroule à l’époque de la dynastie Joseon (XVIème / XVIIème siècle), mais avec des zombies !

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Antoine Godbillon

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