On vous en a parlé il y a quelques jours, le Nikon Film Festival est en cours et permet aux réalisateurs de proposer leur film de 140 secondes sur le thème « Je suis fan de… ». Aujourd’hui, nous posons quelques questions à Marco Serri, réalisateur du court Je suis fan de Robert De Niro.
Bonjour Marco, peux-tu commencer par te présenter ?
J’ai 44 ans. Je ne suis pas un cinéaste professionnel, je travaille dans la communication. Dans des temps immémoriaux j’ai fait des études d’arts et j’ai été musicien professionnel, comme beaucoup de membres de ma famille. J’ai d’ailleurs fondé le studio Shot of Life avant tout pour faire du reportage musical, de la captation de concert, et des clips dont on s’est fait une petite spécialité. Avec les autres membres fondateurs, on tenait déjà à avoir une approche «narrative» de nos films musicaux, mais c’est quand j’ai eu la chance d’être reçu en formation continue à la FEMIS que je me suis mis à rêver que je pouvais écrire de vraies histoires ! Cela m’a aussi permis de goûter à un peu toutes les disciplines du cinéma : le scénario, la réalisation, la photo, le casting, mais surtout le sound design (background de musicien oblige) et le montage, que j’aime par dessus tout … Pour moi c’est une façon naturelle de continuer à raconter l’histoire en articulant la narration d’un film.
Tu viens de proposer un film au festival Nikon. De quoi est-il question ?
Le thème du festival cette année est « Je suis fan », et l’idée nous est presque venue par hasard. En discutant avec mon épouse et Benjamin Dayras, l’acteur principal du film, on s’est dit que ce serait marrant de faire un hommage au cinéma sous forme de comédie : un cambrioleur s’introduit dans une maison, réunit son butin et découvre un film en pause sur le lecteur DVD, c’est Casino. Il est fan de De Niro, il se dit qu’il a bien 5 minutes pour se faire plaisir mais il se fait happer par le film et finalement, se fait pincer. Ma première idée était de faire un hommage à Ennio Morricone, Steven Spielberg ou Francis Ford Coppola, étant donnée l’admiration sans borne que j’ai pour eux, mais ça ne collait pas avec la psychologie d’un malfaiteur. Par ailleurs, je tenais à ce que mon personnage passe par toutes les émotions que le cinéma est capable de produire. Finalement, on s’est rendu à l’évidence : Robert de Niro est un des acteurs les plus complets et populaires de l’histoire, il a un répertoire tellement varié qu’il nous suffisait de piocher dans sa filmo … Et j’ai tous ses films !
Pourquoi avoir choisi de participer au Nikon Film Festival ?
Parce que j’ai l’espoir secret de rencontrer enfin Virginie Ledoyen dont je suis amoureux depuis toujours (rires) ! Mais aussi parce que dans la famille on a toujours eu des Nikon à la maison, et ce depuis l’époque des vieux Nikkormat argentiques. Ces boîtiers étaient tellement robustes qu’on pouvait même s’en servir pour planter des clous ! À une époque, rien n’égalait Nikon ou Leica dans la qualité des optiques et la fiabilité des boitiers. Par ailleurs je suis membre du réseau Nikon France qui compte des milliers de membres et génère une belle stimulation autour de l’art photographique. En utilisateur fidèle depuis tant d’années, j’avais envie de participer à ce festival qui correspond complètement au dogme épousé par Shot of Life : communautaire, populaire, ouvert à tous les styles … C’est une bonne occasion de montrer notre volonté de faire des films distrayants et accessibles : faire les choses sérieusement, mais sans se prendre trop au sérieux. Pourquoi faire des films si ce n’est pas pour idéaliser le réel ? Au-delà de cela, il est forcément très plaisant pour une petite association sans le sou comme la nôtre d’espérer gagner un superbe kit de tournage hors de prix !
Etait-ce dur de respecter la contrainte de 140 secondes ?
Je craignais en effet de ne pas réussir à tenir dans ce format, mais finalement ce ne fut pas si compliqué. En faisant des clips on prend vite l’habitude d’avoir de fortes contraintes de durée, de tempo, d’énergie. Cela pousse à faire des montages très serrés, et j’exploite à fonds le principe cher à mon prof de montage : « Perdre c’est gagner ». On commence à avoir l’habitude ! L’année dernière par exemple on a été invités par Varock Films pour réaliser un segment de « Une balle sans nom», le dernier clip de Caos Locos : on avait 46 secondes pour raconter une histoire ! Pour le festival Nikon, sur une petite heure de rushes, j’ai fait un premier montage de quatre minutes, puis ce fût le moment des sacrifices. Dans le montage final on a supprimé, entre autres, une séquence qui fut pourtant un pur bonheur pendant le tournage : Benjamin nous avait reproduit le duel Pacino/De Niro de Heat, quasiment en incarnant les deux personnages … Mais on n’a pas pu l’exploiter : trop long. Du coup on a choisi Mission pour exprimer le De Niro ferme et déterminé.
Bien sûr c’est un acteur mythique ! Il a fait beaucoup de grands films, notamment avec Martin Scorsese. Je pense que c’est Casino que je préfère. Pas tant pour la performance de l’acteur, parce qu’il est génial dans quasiment tous ses films, mais parce que je pense que c’est le film le plus maîtrisé de Scorsese avec lui. En tout cas, c’est celui qui me fascine le plus, et c’est bien pour ça que je tenais à commencer la séquence « fascination » de mon court métrage par l’introduction de Casino : elle vous plonge littéralement dans le film. Je l’ai vu cent fois et à chaque fois je me fais avoir. Ça me fait le même coup avec Lawrence d’Arabie, 2001, Les Autres et Garde à vue. Sinon j’aime aussi beaucoup Leonardo di Caprio, que je tiens pour l’un des acteurs les plus solides de sa génération. Scorsese ne s’y est pas trompé, et les autres non plus j’en suis certain. Il y en a beaucoup d’autres et ce serait inutile de tenter de les citer tous ; quand on écrit des films, il faut aimer passionnément les acteurs. Et à plus forte raison en France où nous avons la chance d’avoir d’excellents comédiens.
Bonne journée et bonne chance pour le festival !
Merci ! Et n’oubliez pas de voter pour mon film!
Pourquoi mettre en valeur un film en particulier et pas un par semaine par exemple ?
Oui, c’est bien vrai ca !