Quand on décide de faire du cinéma son cœur de métier il peut être difficile de s’y retrouver dans la kyrielle de formations proposées. Entre les BTS audiovisuels, les licences spécialisées et les écoles publiques et privées, toutes sont assez prisées et être admis peut déjà se révéler un challenge selon les établissements visés. Une fois accepté, sur dossier ou par concours, l’approche de la rentrée en formation de cinéma peut entraîner certaines inquiétudes. Ainsi, nous avons demandé à divers étudiants de partager avec nous leur expérience pour démêler le vrai du faux, se préparer psychologiquement et matériellement et vous prodiguer quelques conseils et informations qui ne seront pas de trop !
Les idées-reçues sur les formations du cinéma
L’une des premières inquiétudes de tout candidat est de ne pas être accepté dans sa formation. En effet, très sélectifs, il peut paraître impossible d’être l’heureux élu et pourtant chaque année des centaines de jeunes, pas forcément expérimentés, intègrent ces établissements.
Et, malheureusement, même une fois étudiant dans le cinéma, les préjugés ne cessent de vous poursuivre. Etudes difficiles, sans débouchés, un avenir précaire, aucune notoriété… Ce ne sont pas les remarques qui vous manqueront ! Pas totalement fausses, il faut savoir temporiser. Evidemment, si vous vous lancez dans cette carrière en espérant devenir le prochain Tarantino et gagner des millions, vous risquez de vite déchanter. Le chemin, bien que parfois difficile, est rempli de belles surprises tant que l’on reste motivé, passionné et que l’on provoque sa chance en réalisant divers projets au cours de ses études. On n’a rien sans rien et une forte implication dans sa carrière vous différenciera face aux autres dans la course à l’emploi.
Pire qu’être étudiant en école de cinéma (ou en prépa ciné), intégrer un BTS audiovisuel ou une licence de cinéma semble, dans l’imaginaire collectif, renforcer les obstacles. Pas aussi renommées que les grandes écoles de France dans le domaine, ces formations sont rapidement jugées « sans valeur ». En réalité, elles peuvent être une très bonne passerelle vers les célèbres écoles de cinéma car donnent déjà de fortes connaissances et, si l’on y rencontre les bonnes personnes, des projets. Les établissements reconnus s’intéressent à tous types de profils et ne vont pas se cantonner à recruter des étudiants ayant tous fait une prépa ou juste ceux ayant eu les meilleures notes. Bien que demandant déjà une spécialisation, les BTS audiovisuel n’empêchent aucunement d’intégrer une école ensuite, plutôt que de se lancer dans le monde du travail dès maintenant. Les cours d’analyse filmiques qui y sont dispensés peuvent être suffisants pour faire la différence et permettent d’accéder, par la suite, à une formation en école.
Quoiqu’il en soit, la majorité des étudiants estiment que, de nos jours, le diplôme n’est plus si important. Ce qui compte, c’est le réseau que l’on se crée au gré de ses expériences. Bien sûr, ceux ayant intégré Louis Lumières ou la FEMIS auront des contacts bien mieux placés dans le monde du cinéma, facilitant l’intégration au monde du travail, mais les créations réalisées sont toutes aussi importantes. Et encore, avec l’avènement de Youtube et des réseaux sociaux, donner de la visibilité à son travail et trouver des opportunités de travail est bien plus facile qu’auparavant. De toute manière, il faut rester déterminé et ne pas attendre indéfiniment qu’une opportunité se présente à nous, il est essentiel de se donner tous les moyens de percer dans le milieu.
Les inquiétudes face à la rentrée
Aux vues des inquiétudes de certains et certaines, il est essentiel de mettre les choses au clair quant aux diverses interrogations que vous pourriez avoir, comme ceux avant vous. La majorité d’entre vous craint certainement de ne pas avoir une culture cinématographique suffisante et donc ne pas être « légitime » dans cette formation. Et bien, détendez-vous car si vous avez été choisi c’est qu’il y a bien une raison. On ne vous demandera pas d’avoir vu tous les Godard mais simplement de continuer à s’intéresser à ce qui sort. Aller à des festivals de films ou courts-métrages sont des bons moyens de renforcer sa culture, par exemple.
Plus que ça, le manque de pratique est quelque chose qui peut inquiéter à la fac ou en BTS. En effet, cela se vérifie car, si les étudiants en école estiment être plus sur le terrain qu’en cours magistraux, les BTS et licences semblent faire un peu l’impasse sur le côté artistique et création. Heureusement, chaque problème a sa solution et les étudiants sont assez optimistes sur ce point : « La fac est connue pour être théorique, mais on s’apprend entre nous sur le terrain, lors des tournages ». Evidemment, il y a aussi le fait que l’université n’encadre et ne suit pas les élèves comme dans une école, ce qui peut être difficile pour certains. Une fois les connaissances et sources de culture mises à disposition, à vous d’approfondir les sujets et de faire des recherches et expériences sur votre temps libre. Vous pouvez ainsi vous intéressez à ce qui aiguise déjà le plus votre curiosité et agrandir votre culture, la façonner selon vos goûts. Au contraire, en BTS, c’est le manque de temps libre qui peut inquiéter de part l’affluence de cours qui y sont donnés, la technique étant importante dans toutes les options. Pour compenser, on imagine qu’il y est, en revanche, plus facile de se faire des contacts et de se construire un réseau grâce aux petites classes. La fac est, elle, bien plus individualiste et créer des liens est plus complexe lorsqu’une centaine de personnes occupent un amphi.
Comment se préparer au mieux ?
Comment se préparer mentalement ?
Si le profil parfait n’existe pas, il est tout de même possible de s’en rapprocher et de mettre tous les moyens en œuvre pour adopter un comportement qui facilitera son intégration. S’il peut paraître étrange de devoir se mettre en conditions pour un travail-passion où, semble-t-il, rien n’est à préparer, certaines qualités sont à renforcer au plus vite. D’abord, rigueur et organisation seront vos amies, sans pour autant passer ses journées à la bibliothèque, une certaine autonomie est requise pour approfondir ses connaissances. Cela va de pair avec votre motivation qui devra être infaillible ! Sachez qu’il faudra s’intéresser à tout en dehors des cours, aller toujours plus loin, faire des projets et avoir soif de rencontres et connaissances ! De même, cultiver sa passion ne se fera plus seul mais en équipe alors préparez-vous à devoir échanger et accepter les idées de tous. Cela vous permettra d’être, ensemble, plus créatifs, une qualité essentielle dans le monde du cinéma.
Bien sûr, si vous voulez vous préparer au mieux, rien de tel que accroître sa culture cinématographique ça ne fait jamais de mal. Vous pouvez vous lancer des défis, à base d’un film tous les deux jours, pour y parvenir. Bien que les goûts soient propres à chacun, n’hésitez pas à changer totalement de style d’un film à l’autre, intéressez-vous à des classiques, oui, mais aussi des œuvres éclectiques et étrangères. Ne restez pas bloqués aux normes mais n’allez pas non plus boire des litres de longs-métrages ou autres jusqu’à ne plus savoir qu’en faire. C’est déjà une première occasion de déterminer ce qui vous plait et quelles seront vos références personnelles. Ce qui peut aider, si vous n’avez pas autant de temps libre, c’est de déjà lire ou visionner des interviews et masterclass de réalisateurs, acteurs ou scénaristes pour vous donner une idée de ce par quoi sont passés les plus grands.
« Je dis aux jeunes réalisateurs et aux étudiants : faites ce que faisaient les peintres d’antan. Étudiez les vieux maîtres. Enrichissez votre palette. Élargissez votre gamme. Il reste encore tant à apprendre… »
-Martin Scorsese
Cependant, vous devez être au fait que la première année, en fac notamment, permet de tester les nouveaux étudiants avec un programme pas toujours évident. En université, le premier semestre porte sur la naissance du cinéma et tout le programme est dirigé vers ça. Il y a donc beaucoup de films muets suédois en noirs et blancs à regarder, ce que tout le monde n’aime pas forcément. Il est alors question de savoir si vous êtes assez motivé pour vous accrocher et passer en 2ème année. Dans certains établissements publics, le nombre d’élèves est divisé par 5 après la 1ère année, tant le quota d’abandon est important, alors restez ouverts à toutes sortes de films.
Dernier conseil, il peut être judicieux de revisionner les grands classiques du cinéma et de s’entraîner à analyser et étudier certaines séquences par vous-mêmes, puis de voir ce qu’en disent les experts sur internet. Cela forgera votre opinion et vos connaissances théoriques. Par exemple, si vous voulez vous orienter vers l’option montage ou production d’un BTS, se questionner sur les choix de plans et les intentions de la post-production au montage d’une œuvre culte est un bon entrainement.
Quel matériel est nécessaire ?
Rassurez-vous, à moins qu’on vous l’ait demandé pour la rentrée, aucun outil n’est obligatoire. Cependant, certains aspects techniques peuvent être maîtrisés avant même le début de sa formation. Être curieux et s’interroger sur le matériel utilisé est déjà un bon début et une preuve de forte motivation et curiosité qui sera reconnue par le corps enseignant. Avoir déjà créer du contenu vidéo, en tant que réalisateur amateur, est aussi une expérience concrète avantageuse et valorisée car peu de personnes l’ont, en réalité, déjà fait. Pour débuter, avoir un ordinateur sera utile, ainsi qu’un appareil photo (argentique, par exemple). En effet, les étudiants conseillent de se mettre à la photo pour mieux comprendre l’esthétique, l’image et les jeux de lumière qu’ils retrouveront une fois derrière la caméra.
Si vous ne savez rien utiliser, toucher un peu à Adobe Premiere Pro ou Photoshop, qui sont des logiciels faciles d’accès, pour vous donner une idée, quand bien même tout vous sera enseigné en cours. Evidemment, en option montage et post-production, savoir utiliser un logiciel de trucage ou montage est un grand avantage, voir presque obligatoire pour être accepté dans ce domaine d’études. Néanmoins, n’oubliez pas que la motivation et la confiance priment sur toutes les compétences techniques que vous pourriez avoir, lors d’un entretien. Si vous ne savez par où commencer, simplement attendre les méthodes et logiciels recommandés par vos professeurs est aussi une solution. Selon votre domaine et passion, libre à vous d’explorer les techniques qui vous intéressent et de vous entraîner à écrire, filmer, jouer… Tout est bon à prendre !
Quelques conseils…
Les éléments bons à savoir
Avant d’intégrer vos établissements, certains points sont à avoir en tête. Par exemple, un BTS audiovisuel n’est pas une formation exclusivement audiovisuelle. Bien qu’il y ait des cours de culture ciné, c’est avant tout une formation pour devenir technicien et ainsi travailler dans tous les domaines de l’image (TV, ciné, web…), à la différence d’une école. Il y a aussi plus de théorie que de pratique, en BTS. Pareil en université, si déjà la distance entre les élèves et les profs, due aux promos importantes, peut être pesante, sachez également que vous ne saurez pas comment se déroule exactement un tournage à la fin de votre cursus. On ne va pas vous mentir, le cinéma est un milieu très difficile et compétitif, il vous faudra être prêt à consacrer beaucoup de temps et d’énergie ! Quand on est un passionné, ça reste sympa, il faut juste étancher sa soif de culture et dans ce cas, la bibliothèque ou internet seront vos plus grands amis ! En effet, ce que vous faites en dehors des cours (tournage amateur, agrandir sa culture, se faire un réseau) est parfois même plus important que la formation en elle-même.
Voici, pour vous, les conseils des étudiants qui ont témoigné :
« Même si on a parfois l’impression que le lycée c’est long, que l’on hâte de faire ce que l’on aime, il faut quand même déjà bien bosser et se donner à fond pour avoir un bon dossier et enfin faire ce que l’on aime. Ça dépend aussi de ce que vous voulez faire dans le cinéma mais ne lâchez pas les sciences. Avoir des notions de mathématiques, électrique ou physique est utile pour le fonctionnement du matériel (caméra, micro, objectif…) pour certains BTS. »
« Soyez sûrs de vous en intégrant une formation car tous les ans nous avons des désistements en cours d’année. C’est bien dommage étant donné le pourcentage d’entrée dans ces études. Si vous n’êtes pas sûrs de vous mais que vous avez de très bons résultats et un bon dossier, laissez plutôt la place à d’autres élèves très motivés qui ne risqueront pas d’abandonner. »
« Garde en tête que les autres élèves pourront être de futurs collaborateurs. Fais toi plaisir et retransmets ce plaisir dans tes vidéos. »
« Reste curieux, continue de t’interroger sur ton rapport avec le cinéma, va voir du cinéma extra européen, soutenir du cinéma indépendant… ça te permettra de te forger une culture plus grande encore et de faire la différence avec les autres élèves. Et puis, le cinéma est un milieu tellement vaste que tu trouveras toujours quelque chose à y faire : critique, journaliste, agent, réalisateur, etc… Par contre, fais les choses à fond pour en voir un maximum. N’hésite pas à faire des projets, des courts-métrages, ça permet de montrer qu’on a de l’expérience et de l’envie ! »
« A parti du moment où vous n’aimez ne serait-ce qu’un seul aspect du cinéma, allez-y à fond, il faut juste y aller avec envie. Et aussi, ne pas hésiter à poser des questions, même si c’est effrayant face aux professionnels. Il faut se tromper pour apprendre, jamais se taire ! »
« Faites des vidéos le moins oubliables possibles. »
« Fonce et n’aies pas peur de faire ce que tu aimes. Si tu n’essayes pas maintenant tu le regretteras. Même si tu te trompes, ce n’est jamais une année de perdue. Travaille au fur et à mesure, en te fixant des objectifs, et ne te perds pas trop dans ton temps libre ! Utilise-le à bon escient : rencontrer des gens, faire des projets, aller à des masterclass, etc… C’est hyper important ! Il ne faut pas attendre car c’est comme ça que tu vas te créer un réseau. Dans ces métiers, tout part de là. »
Comment sont les relations entre élèves ou avec les professeurs ?
Bien que, évidemment, cela dépend des écoles, des promos et des classes, nous avons essayé de dresser un portrait des relations intrascolaires. Pour commencer, ce qui ressort principalement des témoignages est la forte cohésion entre les élèves et les professeurs. Comme indiqué plus haut, les travaux de groupes sont en effet nombreux et il est donc essentiel d’avoir une bonne ambiance dans son établissement. Notamment en BTS, où les promos ne dépassent généralement pas la trentaine d’élèves, puisque tout le monde se connait et que les professeurs ont le temps d’être à l’écoute de chacun. Rassurez-vous, pas de compétition en vue à la fac où les cours restent plutôt théoriques et le nombre de places égal d’une année à l’autre. En revanche, les enseignants peuvent être durs car ils savent que peu sont ceux qui iront jusqu’en 3ème année. Une fois la 1ère année « test » passée, ils deviennent généralement plus bienveillants, encourageants et commencent à reconnaître les élèves. Cependant, si les élèves peuvent s’entraider beaucoup (selon la taille de la promo), les professeurs n’apportent aucune réelle aide aux étudiants d’université qui doivent s’appuyez sur les connaissances et outils prodigués pour tout faire par eux-mêmes.
Sans trop de surprises, il semble que l’esprit compétitif soit un peu plus développé en prépa ou école de cinéma, bien que la bienveillance entre eux reste de rigueur. Les relations avec les autres élèves ou intervenants sont tout de même agréables, les uns étant reconnaissants des savoirs que les autres leur transmettent.
L’alternative aux écoles
Si vous n’êtes pas sur le point d’intégrer quelque formation que ce soit et que ce n’est pas dans vos projets mais que le cinéma reste un secteur qui vous anime, rassurez-vous, rien n’est perdu. A l’instar de Steven Spielberg (qui avait été refusé en école de cinéma !) ou Christopher Nolan, peut-être que vous vous en sortirez très bien sans aucun diplôme. Stage, blogs, vidéos Youtube, festivals, réseaux sociaux… tant d’outils à porter de mains pour se forger sa propre manière de faire. Faire et refaire sont les meilleurs moyens de progresser et d’atteindre son objectif. Sachez que, même si ça ne fait pas tout, le réseau est sûrement la clé pour trouver du boulot ou des projets auxquels s’associer, donc n’hésitez pas à aller aux festivals ou à des masterclass. Encore une fois, provoquez le succès !
En attendant, on vous conseille de vous intéresser à nos listes des meilleurs livres pour apprendre à écrire un scénario ou réaliser un film. L’autodidacte que vous êtes sera peut-être plus réceptif à un ouvrage tel que « L’anatomie du scénario » pour son apprentissage.
Sinon, consultez notre blog et nos articles qui vous permettront d’approfondir vos connaissances et techniques.