Avis sur le livre Ecrire un film – scénaristes et cinéastes au travail

ecrire un scenario

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir un nouveau livre. Plus que l’écriture de scénario, il aborde la notion d’écrire pour le cinéma au sens large, avec des points de vues aussi intéressants que différents.

Ecrire un film – scénaristes et cinéastes au travail n’est pas un livre comme les autres. D’une certaine manière, son processus de création se rapproche de celui d’un film. Nous avons tendance à dire qu’un film est l’oeuvre du réalisateur et à occulter l’ensemble des techniciens et artistes qui collaborent à sa création pendant de longs mois voir des années. Un film est avant tout une oeuvre collective… C’est la même chose pour ce livre, qui est une retranscription de rencontres entre étudiants de Master en scénario, réalisation et production de l’École des arts de la Sorbonne d’un côté et scénaristes et réalisateurs venus présenter leur travail de l’autre.

En quelques mots

livre sur le scenarioPrésentation de l’éditeur : « Comment écrire pour le cinéma ? S’il s’agit toujours de raconter des histoires, l’écriture d’un scénario ne s’envisage pas comme celle d’un roman, car, dès le départ, « l’image animée » et la bande-son en sont des éléments constitutifs. C’est ce passage du sujet au synopsis, du traitement à la continuité dialoguée, puis au découpage technique voire au story-board, que dévoilent scénaristes et cinéastes. Ceux-ci deviennent, par ces truchements successifs, les auteurs d’un film. Peut-on écrire à plusieurs ? Comment scénaristes, réalisateurs et producteurs dialoguent-ils ensemble ? Y a-t-il une « nouvelle écriture » du scénario au tournage, puis au montage ? Ces questions sont au cœur de cet ouvrage, qui aborde l’écriture filmique comme un tout organique. »

Ce livre reprend les propos de scénaristes et cinéastes de talent parmi lesquels Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui, Valéria Bruni Tedeschi et Noémie Lvovsky, Robin Campillo et Laurent Cantet, Emmanuel Carrère, Bertrand Blier, Jean-Claude Carrière, Olivier Dazat, Claire Denis, Pascale Ferran, Jacques Fieschi, Fabrice Gobert, François Ozon et Danièle Thompson.

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Mon avis sur le livre

Comme évoqué plus haut, ce livre n’est pas comme les autres, son approche est différente, ce qui le rend d’autant plus passionnant. Il est composé d’un article puis d’entretiens de scénaristes et cinéastes. On sort des livres théoriques pas toujours écrits par ceux qui ont vraiment connu du succès. Ici, ce sont des scénaristes et cinéastes qui ont réussi à se faire un nom, à tourner des longs métrages et ont même reçu des prix prestigieux pour leurs films. Et il ne s’agit pas de courtes interviews assez bateau données lors de la promotion d’un nouveau film, mais de véritables Masterclass, entretiens, qui permettent de revenir sur la carrière et la méthode de ces artistes.

Ils peuvent se contredire, mais ils nous montrent justement que le cinéma ce n’est pas qu’une seule vision, pas qu’une seule façon de penser, qu’il s’agit d’un art avant d’être une démarche commerciale. Il existe de nombreux autres livres intéressants sur l’écriture de scénario, mais je ne peux que vous recommander ce recueil d’entretiens.

Quelques extraits

« Comment un scénariste et un réalisateur dialoguent-ils ensemble aux différentes étapes d’écriture du scénario ? Un écrivain (auteur de romans ou de pièces de théâtre) a-t-il le même rapport au scénario ? Quelles sont les spécificités de l’écriture scénaristique ? À quel point le non-dit est-il aussi important que les dialogues et comment appréhender cette part d’indicible ? La structure d’un lm se « travaille-t-elle » comme l’enseignent les manuels de scénario ou y a-t-il une autre manière de concevoir le récit ? Comment écrit-on « pour » un acteur ? Comment la musique du lm participe-t-elle à l’écriture ? Comment le lm s’écrit-il aussi au tournage et à la table de montage ?
Très peu de livres abordent l’écriture filmique dans l’ensemble de processus de création du lm4. Puisse cet ouvrage collectif contribuer à pallier ce manque. »

« Le cinéma » n’est pas la taille de l’écran sur laquelle on projette le lm, mais une conjugaison entre forme et sens. Certains épisodes de série peuvent, aujourd’hui, être davan- tage « du cinéma » que des longs métrages qui sortent en salles. »
Frédéric Sojcher

« Il faut être le plus sincère possible, le plus proche de quelque chose que vous avez envie de défendre, mais c’est très subjectif. Souvent les gens ne savent pas lire et si vous n’en mettez pas assez, ils se disent qu’il n’y a rien dans le scénario. On s’en fout. Pour certains lms, par exemple des lms de Lynch, si un produc- teur recevait le scénario sans savoir que c’est de Lynch, il ne voudrait pas le faire car il ne verrait rien ou ne comprendrait pas. Il faut attendre que la pâte lève pour constater toute la beauté et tout l’apport du metteur en scène. »
Agnès Joui

« J’ai besoin qu’il y ait des ellipses, sinon je n’y arrive pas. Je me suis rendue compte tout de suite que je ne savais pas relier les blocs. Au fond, si je ne savais pas, c’est que je n’aimais pas. Tout d’un coup la narration devenait une chaîne qui m’étranglait. Alors que le fragment, ou le lambeau, était quelque chose qui me libérait. »
Claire Denis

« Il arrive que j’imagine certains plans à l’écriture, mais ce n’est pas toujours le cas. {…} D’une manière générale, je ne fais pas de story-board. J’aime suivre mon instinct, sur le tournage. Je découpe sur place, en fonction du travail avec les comédiens. »
François Ozon

Informations complémentaires

Ecrire un film – scénaristes et cinéastes au travail
Coordonné par N. T. Binh et Frédéric Sojcher
392 pages
Collection « Caméras subjectives » dirigée par José Moure et Frédéric Sojcher
éditeur : Les Impressions Nouvelles
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Christopher Guyon

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