Ratios de cadre et format d’image au cinéma – Comment Choisir ?

wonderwall mommy

Découvrez en quoi consistent les ratios de cadre au cinéma, et surtout comment choisir entre les différents ratio pour votre film.

Le réalisateur a plein de décisions à prendre. Certaines sont primordiales, d’autres sont des détails. L’une des plus importantes, qu’il ne faut absolument pas prendre à la légère, c’est le choix du Ratio de cadre, ou pour parler aux plus novices d’entre vous, le format de l’image. Le guide ci-dessous s’adresse aux débutants, pour découvrir les bases des différents ratios, mais aussi aux réalisateurs avec de l’expérience qui veulent une petite piqure de rappel sur ce que chaque ratio peut apporter à son film par rapport à un autre, en fonction des intentions narratives. S’il y a des modes, des tendances selon les époques, il n’y a pas un mauvais ratio et un meilleur que tous les autres. En revanche, il y aura toujours un ratio plus pertinent pour vous, pour le film que vous êtes en train de développer, l’histoire que vous voulez raconter et les émotions que vous voulez transmettre.

Le cinéma est avant tout un art visuel, comme nous le rappelait récemment le Directeur de la Photographie Ed Lachman. Si tout ce qui est à l’intérieur du cadre est donc utile pour raconter une histoire, il en va de même pour le cadre en lui-même.

Définition

Le rapport hauteur / largeur d’une image décrit sa largeur et sa hauteur. C’est une formule qui reste cohérente car elle décrit la relation entre largeur et hauteur, quelle que soit la taille de l’image. Ce qui revient à dire que les proportions d’un film spécifique seraient les mêmes sur le « grand écran » que sur votre téléphone. (Sauf recadrage, panoramique et numérisation comme Netflix s’amuse à faire par moments)

The revenant – Format 2.35

Que vous soyez en train de regarder une vidéo Youtube sur votre Smartphone, la dernière série netflix sur votre ordinateur ou encore un film en-blu-ray sur votre tv 4K, le format de l’image est primordial. Comme de nombreux autres aspects a-priori purement techniques, les ratios de cadre  peuvent aider les réalisateurs à enrichir leur palette, leur manière de raconter une histoire. Et ce n’est pas vraiment le matériel utilisé lors du tournage qui va déterminer le ratio.

Certains ratios sont plus adaptés à la salle de cinéma tandis que d’autres seront parfaits pour les réseaux sociaux et d’autres pour les sites de streaming.

Avant d’aller plus loin sur les différents formats, une petite précision qui risque d’en frustrer plus d’un. Au cinéma, lorsque l’on parle de ratio de cadre, on ne parle pas de 16/9 ou 4/3.

Dans le cadre du cinéma, on part du principe que la hauteur de l’image est fixe. La ratio est donc déterminé par la largeur de l’image.

En savoir plus : les notions de base le cadre au cinéma

Un peu d’histoire

1.33 : Encore utilisé pour avoir une image presque carrée, ce ratio a été inventé par Thomas Edison en 1909

1.37 : C’est la ratio officiel, approuvé par l’académie du cinéma à Hollywood en 1932.

Ce ratio a prévalu à Hollywood jusque dans les années 50. Son incarnation la plus célèbre est sans aucun doute Citizen Kane, encore considéré aujourd’hui comme novateur à de nombreux points.

(Passez en mode plein écran pour voir les bandes noires)

Au fil des années et au fur et à mesure de l’évolution du cinéma et des technologies, les changements les plus marquants (hors ajout du son et de la couleur) ont été la mise en place de ratios de plus en plus larges.

Dans les années 1950, la télévision a fait très peur aux studios de cinéma, comme aujourd’hui avec Netflix. Pour éviter la mort du cinéma, ceux-ci ont proposé de nouveaux formats comme le 2.77 et le 2.55.

Pendant des décennies, le ratio de cadre a été plus ou moins imposé aux cinéastes en fonction des modes et des avancées technologiques. Aujourd’hui, les réalisateur professionnels et amateurs ont beaucoup plus de liberté, et le choix du ratio de cadre est devenu un choix artistique.

Pour encore plus d’infos sur les différents ratios existants, je vous recommande cet excellent article en anglais. Tous les rapports existants via cet excellent article en anglais : Ultimate Aspect Ratio Guide

Les trois formats de base

1.33 – le format historique (et également 1.37.1)

C’est le premier des formats cinématographiques. Ce sont dans les caméras des frères Lumière qu’apparurent ces pellicules dont les images mesuraient 24 mm x 18 mm, soit un format 4/3. Ce format a été utilisé dans une multitudes de films au 20e siècle et reste utilisé ponctuellement par certains cinéastes (Andrea Arnold, Xavier Dolan…)

1.85 : le plus utilisé, le format « américain »

Le 1.85 est un format dit panoramique, car il faut supprimer un peu de hauteur sur la pellicule. C’est, encore aujourd’hui, l’un des formats les plus utilisés pour les œuvres de fiction.

2.35 – Le chouchou des grands cinéastes contemporains

Ce format a été créé suite à une révolution technologique : Les lentilles anamorphiques. Ce sont des objectifs permettant de compresser l’image horizontalement, pour obtenir une image deux fois plus large.

Beaucoup de grands réalisateurs actuels utilisent régulièrement le 2.35 anamorphique.

cadre large

ATTENTION, comme évoqué plus haut, le 16:9, utilisé notamment pour la télévision et sur internet (youtube), n’est pas un format de cinéma.

Exemples

L’histoire que nous avons brièvement évoquée ci-dessus montre clairement que le format 2.35 n’est pas la seule option viable. Le formatage des formats n’est pas forcément positif, et il ne faut pas hésiter à être créatif.

Par exemple, Wes Anderson est un grand fan du format 1.33 et s’amuse à jouer avec les rations pour donner aux différentes séquences de ses films une sensation unique. Pour The Grand Budapest Hotel Il alterne entre 2.35 et 1.33 tout au long du film et cela joue beaucoup sur l’atmosphère et l’identité visuelle et narrative. Wes Anderson a d’ailleurs déclaré à ce propos : « Le film traverse trois périodes différentes. Les différents formats d’image indiquent aux téléspectateurs où ils se trouvent dans la chronologie. »

Ida de Pawel Pawlikowski – Ratio 1.33

Un film quasiment composé que de plans fixes. Pour une complète je vous conseille encore l’excellent vishavisuals.

Vous pouvez aussi étudier son film suivant :  analyse de la photographie de Cold War

ida format 1:33

Mommy de Xavier Dolan – 1.1 et changement de ratio

Les mots de Xavier Dolan à ce sujet : « Après avoir tourné une vidéo musicale en 1: 1 l’année dernière, j’ai réalisé que ce rapport se traduisait par une émotion et une sincérité quelque peu uniques. Le carré parfait permet de cadrer des visages avec une telle simplicité et semblait être la structure idéale pour ces « portraits ». Aucune distraction n’est possible dans un tel espace , aussi restreint. Le personnage est notre sujet principal, inévitablement au centre de notre attention. C’est aussi, pour être franc, le ratio préféré de mon DOP André Turpin qu’il avait apparemment rêvé de l’utiliser toute sa vie sans avoir eu le courage de le faire. 

Choisir le bon ratio

Le choix d’un ratio, vous l’avez compris, n’est pas qu’un choix technologique et pratique, mais un vrai parti pris esthétique. Il entraîne, logiquement, des réflexions et problématiques différentes sur la façon dont les décors (et les corps qui les traversent) vont être représentés et cadrés, voir exclus du cadre.

Cependant, il est important de savoir quel rapport d’aspect vous allez utiliser pour la distribution, mais cela peut également ajouter beaucoup de profondeur et d’attrait visuel à vos projets. Il semble que tous les cinéastes de nos jours aiment jeter une boîte aux lettres de 2,35: 1 sur leur images pour lui donner un « look plus filmique ». En réalité, ce rapport n’est pas correct pour tous les projets et ce qui est plus pertinent pour un look cinématique est de choisir l’aspect le plus approprié, pas nécessairement le plus large.

Si tant de réalisateurs brillants comme Wes Anderson, Andrea Anorld et Pawel Pawlikowski utilisent le format 1.33 pour leurs films, et que cela marche, c’est qu’ils doivent bien y trouver un intérêt ! Cela permet notamment d’évoquer la nostalgie, une autre époque. Ou cela aide tout simplement à se concentrer sur les personnages et leurs émotions, leur monde intérieur.

Comme le 1.33 fournit une zone plus petite à remplir avec des éléments visuels, chaque élément que vous placez dans le cadre devient tout à coup très important. Les formats d’écran large comme le 2.35 permettent naturellement aux éléments d’exister sur les bords les plus éloignés du cadre rectangulaire. Bien que cela soit  souvent magnifique, cela peut détourner l’attention de votre sujet.

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Christopher Guyon

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