Transformation du personnage et Arc Transformationnel

Généralement, un ou plusieurs personnages sont introduits dans l’histoire que l’on décide de raconter, avec leurs habitudes, leurs qualités, leurs défauts, leurs goûts, qui les définissent en ce début d’histoire. Il peut être difficile d’amener au mieux l’évolution de ces derniers, c’est ce que nous allons donc vous enseigner via divers exemples.

  • Définition de l’Arc transformationnel
  • Le personnage et son histoire sont indissociables
  • Les étapes de la transformation du personnage
  • Les règles de construction d’un tel arc

Qu’est ce que l’Arc transformationnel du personnage ?

L’arc transformationnel (aussi appelée ‘Character Arc’ en anglais) identifie la transformation ou l’évolution du personnage au cours de son “voyage” qui peut être interne ou externe à l’histoire. Un personnage est amené à changer au cours de son périple, et l’arc transformationnel découle de cette évolution. 

Souvent, cette transformation n’est pas physique mais plutôt émotionnelle ou psychologique. Le type qui “n’a pas sa place”, le loser, le mec paumé, l’outsider sont, par exemple, un bon moyen d’apporter une évolution au personnage. Ce changement ne doit pas être obligatoirement spectaculaire ou grandiose pour avoir lieu. 

Si nous prenons le personnage de Tarzan, nous tenons là un bon exemple de la constitution d’un arc transformationnel fort. “Un enfant, ayant perdu ses parents, et élevé par des gorilles dans la jungle, devient un homme “sauvage” et fait la connaissance d’une jeune femme issue de l’aristocratie anglaise qui lui fait découvrir les us et coutumes de nos sociétés actuelles.” Le changement est, ici, déclenché par la rencontre avec Jane et découle d’une curiosité et d’un intérêt sentimental pour la jeune femme. Il est amené à changer plus tard,  à s’adoucir et à se cultiver grâce cette rencontre qui révolutionne son parcours habituel.

En soi, l’intrigue fait évoluer le personnage mais ce dernier fait aussi évoluer l’intrigue; c’est pourquoi la structure de l’intrigue, c’est aussi l’évolution du personnage dans un temps donné et la création de bons personnages.

Le personnage EST une histoire à part entière

Il est impératif de comprendre que parmi les nombreux éléments qui constituent une bonne histoire, le personnage en constitue “l’épine dorsale”. Ce qui signifie généralement qu’une bonne histoire est aussi guidée par de bons personnages, et un bon personnage est rendu possible par l’amplitude de ses conflits intérieurs, la justesse de ses actions, le rapport à ses émotions. Complexifier le personnage, c’est aussi complexifier l’intrigue. 

Nous pouvons déjà identifier au moins deux histoires lors de la construction de l’intrigue. En effet, il y a toujours le socle de l’histoire, extérieur au personnage, la quête qui doit être résolue, ou encore la mission qui doit être accomplie. Celle-ci est l’histoire 1. Mais dans un second temps, nous assistons également à la construction de l’histoire du personnage lui-même, qui est l’histoire 2. Les deux histoires sont souvent liées et souvent les conflits de l’histoire 2 doivent être résolus avant pour pouvoir atteindre les objectifs de l’histoire 1.

Un exemple: dans Star Wars: La Revanche des Sith, la République est en guerre pendant la montée des Séparatistes, ce qui crée une confusion générale et expose la dynamique du film dans sa globalité (histoire 1). Mais pendant ce temps, Anakin chevalier Jedi, est confus par la portée et les idéaux du combat qu’il mène et bascule petit à petit vers les ténèbres (histoire 2), ce qui est ici, le conflit interne du personnage. En soi, les deux histoires sont liées car l’histoire 1, porteuse de pression pour le personnage, déclenche ou amplifie les conflits du personnage, qui altère le cheminement sain de l’histoire 1. 

Quels sont ces éléments qui constituent une évolution du personnage ?

Au moment de l’exposition du scénario, lorsque le héros est installé dans ce qu’on appelle “le monde ordinaire”, ce dernier possède une personnalité bien ancrée. Il peut être lâche, macho, insensible, reclus, bourreau des cœurs, ou même avoir des traits de caractère plus positifs ou avantageux. Ce dernier est ”installé” dans un quotidien qui le conforte ou le guide en tant que personne. 

Le but étant que ce quotidien soit chamboulé par un événement externe à ce qu’il connaît. Ce chamboulement peut passer par différents éléments: une nouvelle rencontre, un nouveau monde, de nouveaux pouvoirs, tous les moyens sont bons pour établir cette scission avec le héros d’origine. Une première histoire va donc s’établir et le héros sera confronté à ses nouveaux obstacles, alliés, ennemis qui le mettront au défi petit à petit dans ses croyances, sa manière d’être, ses envies. Le héros prendra conscience, au fil de la narration, de ce qu’il est, mais ne sera pas encore prêt à se remettre totalement en question. Il lui faut, pour cela, être confronté à ses premiers obstacles qui vont potentiellement le nuire et mettront en évidence les défauts de certains points de son mode de vie, ou personnalité…Il devra apprendre de ses erreurs et se construire lui-même, avec potentiellement l’aide de ses alliés ou de son mentor.

Une prise de conscience ou introspection d’un personnage n’est pas si évidente à construire. Il faut, pour cela, se poser des questions sur le personnage comme si elles étaient inhérentes à nous même. Pourquoi agit-il comme cela ? Quelle sont ses phobies ? D’où lui vient cette anxiété ? Autant de questionnements qui forgent la fiche d’identité du héros et ainsi, aident à la mise en place de ses conflits et la résolution de ces derniers. Pour plus d’information sur l’établissement d’une fiche personnage, n’hésitez pas à lire notre article “comment créer de bons personnages”  dans la section “L’histoire de vos personnages”. 

C’est à ce moment qu’il commence à changer de voie et comprend ce qu’il veut, ce qu’il doit faire, qui il est… C’est par ce mécanisme que nous pouvons parler d’arc transformationnel du héros. La différence entre ce qu’il était avant et ce qu’il est après ces épreuves doit être visible, ou assez évidente pour qu’on la comprenne. Autrement, s’il n’y a pas d’évolution du héros, il y a rarement une évolution d’histoire, ou c’est plus compliqué à mettre en place. Bien entendu, certains dramaturges appuient sur le fait que le personnage n’est pas obligé d’évoluer pour rendre une histoire appréciable. Comme l’analyse parfaitement Dara Marks dans son livre « Inside Story : Le travail sur l’arc transformationnel« , parfois, c’est même le regard du spectateur qui évolue plus que le personnage en lui-même.

Ce postulat s’applique beaucoup aux personnages comiques notamment. Si nous regardons, le film OSS 117 par exemple, nous constatons que le personnage de Hubert Bonisseur est autant simplet du début à la fin du film. Car ce sont les gags consécutifs et la bêtise des personnages comiques qui font, cette fois, la dynamique du film.

Jean Dujardin joue Hubert Bonisseur dans OSS117

Y-a-t-il des règles pour construire un arc transformationnel ?

Pour citer, encore une fois, John Truby dans L’Anatomie du Scénario, il prévient d’une erreur facilement commise auprès des scénaristes débutants: c’est de multiplier ses traits de caractère en début de film, et enfin, de le faire évoluer d’un coup, sans transition. Or, nous dit-il, pour qu’un arc transformationnel soit convaincant, il faut faire évoluer le personnage progressivement, par des changements minimes, qui le mèneront à un changement plus grand.  

Il y a ainsi plusieurs étapes à la mise en place de l’évolution d’un ou plusieurs personnages. Comme nous le disions un peu plus haut, un personnage ne peut évoluer s’il n’accepte pas d’abord qui il est, ou ce qu’il est. Une première étape d’acceptation, qui passe donc par une prise de conscience (positive ou négative)  est donc nécessaire au grandissement et donc à l’évolution complète d’un personnage. Pour évoluer, il convient donc d’accepter une vérité sur soi-même, mais aussi de la mettre en forme par de l’Action. C’est lorsque que prise de conscience et action s’entremêlent que nous assistons à ce changement progressif dont nous parlions.

La bonne élaboration de l’arc transformationnel prend du temps et n’est certainement pas négligeable. Comme dit dans l’article, faire évoluer un personnage n’est pas toujours une obligation pour établir une histoire qui tienne la route, surtout lorsque celle-ci est tournée vers la comédie. Cependant, il est essentiel si nous voulons raconter une histoire en profondeur, avec une véritable intrigue et des objectifs à atteindre pour un personnage. Il n’y a pas de méthodes régulières, car les histoires que l’on raconte changent et les personnages se travaillent en conséquence; par contre, il peut y avoir des questions à se poser inhérentes au personnage, en rapport avec la narration. Sans oublier que l’histoire racontée peut ne pas être possible mais se doit d’être plausible !

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Ines B

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