Comment écrire de bons dialogues pour le cinéma ?

S’il est possible de s’appuyer seulement sur le langage non verbal et la mise en scène pour réaliser un film, comme les films muets d’époque, ou certaines séquences cultes, le dialogue apporte de la profondeur au scénario. Il transmet une large palette d’émotions selon sa finalité et sa mise en œuvre. Qu’il soit raté ou réussi, il influencera la réussite d’un séquence et probablement, donc, le succès du film. C’est pourquoi il est essentiel de soigner son écriture. Alors comment écrire un dialogue réussi ?

Les clés pour écrire un dialogue réussi

Tout d’abord, que considère-t-on comme un bon dialogue au cinéma ? C’est un dialogue utile. Il a trois fonctions : une fonction d’action, une fonction d’information et une fonction de caractérisation. Chaque dialogue, chaque réplique peut être l’ensemble ou seulement une partie de ces trois rôles. Cela doit aider la compréhension du spectateur sans devenir monocorde. Le dialogue accompagne la scène et ses éléments pour lui apporter plus d’intensité. Il sert surtout à communiquer ce que l’on ne peut exprimer à l’image.

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Respecter la caractérisation des personnages

Il serait étonnant de se retrouver avec un enfant qui parle comme un adulte, ou un aristocrate qui parle comme un délinquant. S’il n’est pas prévu dans le scénario de jouer sur l’un de ces contrastes, il faut prêter attention à la manière de s’exprimer des personnages.

Définir les émotions sous-jacentes du dialogue

Le dialogue exprime l’explicite. Toutefois, l’humain utilise rarement l’explicite seul. Dans tout dialogue se trouvent des enjeux implicites, qui ne sont pas exprimés par les mots. Les pensées, les sentiments et les comportements viennent compléter ce qui est exprimé dans le dialogue. L’image et le dialogue doivent permettre au spectateur de comprendre ce que ressent un personnage, ce que veut dire l’auteur.

Utiliser différents dialogues selon son but

Humour, répétition, vannes, questions-réponses, changement de sujet, coupure… De nombreux styles de dialogue peuvent être utilisés. Pour choisir le plus approprié, il faut réfléchir à l’intérêt de son usage. Le silence peut parfois être plus puissant grâce aux gestes qu’un discours parlé.

Quentin Tarantino a prouvé que d’excellents dialogues étaient très utiles, mails ne font pas tout. la mise en scène, le jeu non-verbal des comédiens, la qualité de la photographie sont autant d’axes de travail pour réussir une séquence.

Faire avancer l’action par le dialogue

Le dialogue n’est pas censé être un échange de banalités pour remplir la scène. Ce serait ennuyeux, n’est-ce pas ? (— Salut ! — Ça va ? — Oui et toi ?) L’action doit donc évoluer grâce au dialogue : mise en place d’obstacles, préparation d’informations pour des évènements futurs, lancement d’un conflit entre personnages etc. La préparation et le paiement sont utiles pour cela :

  • La préparation correspond à l’information donnée dans une scène précédente. En prenant l’exemple d’Inception, le réalisateur introduit la fonction des totems et le totem toupie de Dom Cobb dans la première partie du film ;
  • Le paiement correspond au moment où l’information est réutilisée dans une autre scène. En reprenant Inception, les totems nous serviront durant le film pour comprendre si les personnages se trouvent dans le rêve ou la réalité.

Éviter de répéter l’évidence de l’action

Le dialogue doit toujours suivre l’action. C’est celle-ci, avec les gestes et la mise en scène, qui transmet les principales informations. En évitant la redondance de renseignements, l’échange entre les personnages n’en sera que plus efficace. S’il est nécessaire de tout expliquer par le dialogue, quelque chose cloche dans l’histoire. Le projet est alors à revoir pour trouver et régler la problématique.

C’est avant tout grâce aux choix visuels, notamment les mouvements de caméra, que vous devez essayer de communiquer avec le spectateur.

Utiliser un langage clair

L’utilisation de trop nombreux mots d’argots ou de vocabulaire spécifique risque de perdre le spectateur et d’altérer sa compréhension. Faites attention à la quantité de termes difficiles employés.

Éviter le monologue

Le dialogue est un échange verbal entre plusieurs personnages. Si le monologue peut avoir sa place dans certains cas spécifiques, il est à limiter car il ralentit le rythme de la scène. Imaginez une partie de ping-pong. Les joueurs se renvoient la balle à une cadence changeante. Soudain, l’un des joueurs garde la balle en main pendant un certain temps. Le rythme est complètement perdu !

Oui, il y a des monologues cultes, dans les grands films, mais ils bénéficient d’un soin particulier : performance de l’acteur, propos fort en lien avec l’idée du film, mise en scène ambitieuse et souvent rythmée…

Ne pas laisser trop de non-dits irrésolus

Les non-dits peuvent être un choix assumé du scénario, mais il est aussi possible qu’ils proviennent d’oublis. Il faut essayer de les résoudre pour ne pas décevoir les attentes du spectateur. Si les actions peuvent paraître claires au scénariste, elles peuvent ne pas l’être pour le spectateur. En reprenant l’exemple d’Inception, le film se termine sur un non-dit totalement assumé, et compris : on ne sait pas si la toupie va s’arrêter de tourner ou non.

Mettre en scène les dialogues

Déclamer les dialogues est un excellent outil pour voir si quelque chose cloche. Les écouter, les savourer et les vivre en jouant les personnages permettra de repérer ce qui sonne mal ou creux pour pouvoir ensuite les corriger. Les répétitions avec les comédiens et les moments d’improvisation sur le tournage vous permettront encore de perfectionner tout cela !

S’inspirer du parler quotidien

Dans notre vie quotidienne, nous sautons souvent des mots, comme les négations par exemple. Se baser sur cette manière de parler rend les dialogues plus réalistes.

Observer les échanges verbaux dans notre quotidien

Le quotidien se révèle être une source d’inspiration illimitée. Observer les échanges autour de soi permet de comprendre le déroulement d’un dialogue et les interactions entre plusieurs personnes afin de les réutiliser lors de l’écriture.

Quelques astuces d’écriture pour réussir son dialogue

  • Écrire un premier jet sans se préoccuper des mots et du ciselage du discours : cette première étape couche sur papier toutes vos idées brutes ;
  • Retravailler le dialogue pour sculpter la matière première selon les attentes du scénario : il est important de ne pas « trop » modeler le texte, au risque qu’il ne soit pas suffisamment naturel ;
  • Pratiquer et s’exercer à écrire des dialogues : c’est ce qui vous permettra de rédiger des textes à chaque fois plus percutants que les précédents.

Avec ces nombreuses clés, vous avez tout ce qu’il vous faut pour écrire un bon dialogue. Trouver l’équilibre entre ce qui est exprimé dans l’histoire ou par les personnages se révèle être un exercice périlleux, mais pas insurmontable. En évitant certaines erreurs simples, il est tout à fait possible d’écrire des dialogues réussis sans trop de difficulté.

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Quelques exemples de dialogues connus

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Christopher Guyon

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